Le Battement d’ailes du papillon : Problème d’aiguillage
Selon la théorie du chaos, il suffit qu’un type tousse à Bangkok pour qu’une mamie s’enrhume à Trois-Rivières.
Selon la théorie du chaos, il suffit qu’un type tousse à Bangkok pour qu’une mamie s’enrhume à Trois-Rivières. Même le geste le plus insignifiant et dérisoire aurait une répercussion à l’autre bout de la planète. De cette idée charmante de vases communicants, où l’on tord le bras au hasard, on a fait de nombreux films, dont le plus récent et éclatant reste Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain.
Mais Audrey Tautou avait déjà joué à ce petit jeu avec Le Battement d’ailes du papillon, de Laurent Firode, film qu’elle a tourné juste après avoir été récompensée aux César pour Vénus beauté (Institut). Hasard de la distribution, le film de Firode arrive ici après la déferlante Amélie Poulain; il peut donc surfer sur Tautou, devenue une icône nationale. Mais, s’il ne peut malheureusement pas supporter la comparaison, il sort quand même indemne d’un jeu qui peut être à la fois casse-pieds chez Lelouch et virtuose chez Resnais (Smoking/No smoking).
Le domino commence par la lecture de l’horoscope dans le métro parisien, où l’on croise une trentaine de personnages durant une journée un peu dingue; ils vont tous être influencés dans leurs choix par le geste d’un autre. Tout un chassé-croisé pour qu’une jolie vendeuse désabusée (Tautou, nature) et un Algérien qui travaille dans une pizzeria (Faudel, premier rôle à l’écran du chanteur; convaincant, et tout à fait tendre) puissent se retrouver. Firode n’y va pas de main morte, et il abuse de micro-événements (un petit caillou lancé, un grain de sable envolé et une coquerelle qui se promène) et d’une galerie de portraits trop généreuse pour qu’on en profite vraiment.
Les personnages se divisent donc entre les agaçants (le mythomane fils à maman, le mari menteur trop lâche), les trop vite aperçus (un père soûlard, un chômeur sympathique) et ceux qu’on ne voit vraiment pas assez (les deux héros, bien sûr). En fait, le tourbillon est si grand que Paris semble soudain minuscule et qu’on tourne à vide dans l’ennui. Certaines scènes ne manquent pas de malice, mais ce film éparpillé s’écartèle dans trop de paraboles, entre la poésie, la fable et le réalisme social; et il est souvent ponctué de pompeux dialogues de sages. En fait, on dirait du Paulo Coelho au cinéma. C’est un genre…
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