Vanilla Sky : Mission impossible
Cinéma

Vanilla Sky : Mission impossible

Tom Cruise n’est pas un acteur hors pair; mais au regard de son poids en dollars dans l’industrie du cinéma, il se permet ce que beaucoup n’oseraient pas. Comme d’être l’initiateur du remake d’un petit thriller psychologique espagnol et récent (Abre Los Ojos, 1997), dans lequel il interprète un type égoïste et suffisant qui devient atrocement défiguré. Il pourrait rester dans les Mission Impossible et se la couler douce, mais il joue avec l’énorme risque de dérouter. Ce qui arrive avec Vanilla Sky. Or, le film n’est pas à jeter aux orties…

Tom Cruise n’est pas un acteur hors pair; mais au regard de son poids en dollars dans l’industrie du cinéma, il se permet ce que beaucoup n’oseraient pas. Comme d’être l’initiateur du remake d’un petit thriller psychologique espagnol et récent (Abre Los Ojos, 1997), dans lequel il interprète un type égoïste et suffisant qui devient atrocement défiguré. Il pourrait rester dans les Mission Impossible et se la couler douce, mais il joue avec l’énorme risque de dérouter.

Ce qui arrive avec Vanilla Sky. Or, le film n’est pas à jeter aux orties… D’abord parce que c’est Cameron Crowe qui dirige la partie (Jerry Maguire, Almost Famous), quelqu’un qui rend les histoires émouvantes parce qu’il sait comment les incarner, en trouver le ton, le style et la musique. Vanilla Sky est donc meilleur que l’original. Et aussi parce que le scénario de départ, un mélange entre les mondes virtuel et réel de Total Recall et le crémeux de What Dream May Come, recèle quelques idées séduisantes.

Le film de Crowe est une copie conforme, mais glamour et jazzée, de celui d’Amenabar (The Others); il a plus de souffle. Malheureusement, le labyrinthe dans lequel on nous perd ne tient pas toujours debout: un homme à femmes, riche et beau, sur le bord de rencontrer le grand amour, Sofia (Penélope Cruz), se retrouve défiguré parce que sa petite amie du moment, Julie (Cameron Diaz), le fait monter dans sa voiture et se suicide. Il sort de l’accident avec la tête de Quasimodo. On apprend qu’il y a eu meurtre, qu’il y a eu reconstruction du visage, on voit un homme emprisonné, Julia et Sofia qui se superposent, et le meilleur ami s’éloigne (le fidèle et excellent Jason Lee). Et parce qu’on atteint le point de fouillis extrême, et qu’il faut trancher le noeud, la technologie futuriste vient sauver la mise pour expliquer le bazar.

C’est grotesque! Mais l’avantage de ce prétexte ridicule est qu’on peut facilement l’évincer pour faire émerger quelques idées qui collent bien à l’air du temps; comme la suprématie de la consommation (très clair dès la première scène), qui va de pair avec l’importance de l’apparence (chirurgie, miroir, dessins, tableau de Monet), et la perte des repaires ("C’est quoi le bonheur pour toi?", phrase phare du film), ainsi qu’avec la désillusion généralisée: l’âme soeur n’existe pas, la mort n’est qu’un Home Entertainement comme un autre, le suicide est une porte d’entrée, et le rêve est trompeur. Lugubre, cohérent et pas courant au cinéma.

Sinon, Cruise fait ce qu’il faut pour les Oscars. Il a du Eyes Wide Shut dans le sourcil froncé, et cela colle encore une fois au personnage, un peu fat. Dans le meilleur des mondes, on aurait gardé les idées, changé l’histoire, enlevé une bonne demi-heure, accéléré le début, et dégraissé du trop-plein de guimauve qui englue l’exercice. On aurait par contre conservé la musique, de Radiohead à McCartney, de Peter Gabriel à Dylan. Mais ça se consomme aussi tel quel.

Voir calendrier
Cinéma exclusivités