A Beautiful Mind : Sain d'esprit
Cinéma

A Beautiful Mind : Sain d’esprit

Quelle vie! Hollywood, qui adore mettre des héros sur piédestal, ne pouvait qu’être séduite par la vie de John F. Nash. Nash, génie des maths, entre à Princeton au début des années 50 avec le dessein de trouver l’idée du siècle, d’être un nouvel Einstein. Charismatique, bel homme, il se marie à la splendide Alicia et devient un prof aimé, mais étrange.

Quelle vie! Hollywood, qui adore mettre des héros sur piédestal, ne pouvait qu’être séduite par la vie de John F. Nash. Nash, génie des maths, entre à Princeton au début des années 50 avec le dessein de trouver l’idée du siècle, d’être un nouvel Einstein. Charismatique, bel homme, il se marie à la splendide Alicia et devient un prof aimé, mais étrange. Alicia est enceinte quand Nash commence à souffrir de schizophrénie paranoïaque aiguë. Ce qui lui vaut séjours en psychiatrie et forte médication. Plus de professorat, plus de Princeton. Vingt-cinq ans plus tard, son courage et le dévouement de sa femme ont rendu possible une sorte de miracle: Nash a apprivoisé sa maladie, il a retrouvé la puissance de son esprit scientifique, et en 1994, il gagne même le prix Nobel des sciences économiques!

Ron Howard (dont on retient Apollo 13) et son inséparable producteur Brian Grazer ont mis Russell Crowe dans la peau du génie. L’acteur est crédible en mathématicien dingo et obsessionnel, comme en amoureux d’une Jennifer Connelly en passe de devenir enfin une vraie star; et la chimie entre les deux est solide et sensuelle. Malheureusement, Crowe force sur le jeu Actor’s Studio, surtout en deuxième partie, où il doit "remonter" des enfers de la maladie et où il s’appuie fortement sur le larmoyant et la guimauve. "Jeu en retrait" eût été une excellente indication de la part de son metteur en scène. Mais les six nominations aux Golden Globe, en attendant celles des Oscars, prouvent que l’excès de crémage ne nuit jamais au Far West.

Mais il n’y a pas que ça qui plaise: Hollywood a une fascination persistante, sorte de caractéristique nationale, pour le génie – torturé, cela va de soi. Regardez Good Will Hunting, regardez Shine, ou, dans les domaines artistiques, Amadeus et Pollock: ce talent exceptionnel, inexpliqué et quasi spirituel, les fait frémir. Et quand l’excroissance de talent est doublée du pouvoir de la volonté, de cette force individualiste du conquérant, LA valeur américaine par excellence, on frôle l’orgasme.

Reste que le scénario tient debout, qu’il nous entourloupe bien, surtout dans la première partie avec les apparitions d’Ed Harris, et que le vieillissement des acteurs est plutôt réussi. Par contre, que les fans du Gladiateur se calment: Russell est résolument plus sexy en jupette qu’en nerd paranoïaque. Quoique avoir un prof de maths avec des muscles pareils, cela peut provoquer des vocations…

Voir calendrier
Cinéma exclusivités