101 Reykjavik : Glace noire
Cinéma

101 Reykjavik : Glace noire

101 Reykjavik , code postal du centre-ville de la capitale islandaise, est aussi cool que son titre. On le regardait passer de festivals en salles lointaines. Best of the Fest à Édimbourg, puis découverte à Toronto: la bulle grossissait, on en disait du bien. Pouf! Le voilà qui débarque, à point nommé, dans un janvier québécois tristounet. Reykjavik 101: un film pour se rappeler quoi faire dans un pays froid…

101 Reykjavik

, code postal du centre-ville de la capitale islandaise, est aussi cool que son titre. On le regardait passer de festivals en salles lointaines. Best of the Fest à Édimbourg, puis découverte à Toronto: la bulle grossissait, on en disait du bien. Pouf! Le voilà qui débarque, à point nommé, dans un janvier québécois tristounet. Reykjavik 101: un film pour se rappeler quoi faire dans un pays froid…

En fait, ce premier long métrage d’un acteur, Baltazar Kormakur, a tout ce qu’il faut pour être aimé: antihéros, idée salée, lieux bien repérés, humour vache, musique parfaite, mise en scène contrôlée, acteurs naturels, et Victoria Abril en bonus. Ce film sent le présent à plein nez; comme sentaient en leur temps Femmes au bord de la crise de nerfs, d’Almodovar et Un monde sans pitié, de Rochant. Sans être aussi fort, le film de Kormakur fonctionne sur le principe du "c’est pas parce qu’on rit que c’est drôle"; sur cette façon cynique de faire un bras d’honneur à un désespoir facilement envahissant. Parce que Reykjavik peut être très lugubre à la veille de Noël, dans cette nuit à plein temps, sans rien d’autre à faire que boire et s’envoyer en l’air! Et c’est assidûment ce que fait Hlynur (Hilmir Snaer Guonason), grand dadais qui fait semblant d’être moche avec des lunettes, la vingtaine avancée, vivant encore chez maman. Prouesses de l’acteur et du réalisateur: ce loser proche du pénible est étrangement supportable. Mais pour notre plaisir, son état larvaire va tout de même en prendre un coup quand il mettra enceinte la blonde de sa mère, nouvellement sortie du placard. Cela provoque quelques secousses dans son oisiveté, mais on reste tranquillement bercé par une version reggae du Lola des Kinks et par une ritournelle moqueuse; musique signée Damon Albarn, de Blur et Einar Orn Benediktsson, ex-Sugarcubes. Et cela donne surtout quelques courtes scènes d’une justesse à prendre le réel en défaut; dont celle où la mère apprend son homosexualité à son fils. Elle le fait rapidement, sur le coin de la table, et le bref dialogue qui s’ensuit résonne comme du vrai. On craque aussi pour cette excentricité bien dosée, capable de tonifier l’ambiance au bon moment. 101 Reykjavik distille ces touches d’arsenic qui nous font naviguer à vue entre tentatives de suicide, rêves de psychopathe et discours amer. Dans la comédie très noire, seule l’humeur du spectateur fait la différence entre l’antidote et le poison…

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