Charlotte Gray : La belle s'en va-t-en guerre
Cinéma

Charlotte Gray : La belle s’en va-t-en guerre

"Je vais acheter un billet pour le trrrain" est la seule phrase en français que prononce Cate Blanchett dans Charlotte Gray, dernier film de la réalisatrice australienne Gillian Armstrong (Oscar and Lucinda). Et pourtant, comble de l’absurde, elle y interprète une Écossaise qui devient agent secret allié à la Résistance française, sous le gouvernement de Vichy, en 1942…

"Je vais acheter un billet pour le trrrain" est la seule phrase en français que prononce Cate Blanchett dans Charlotte Gray, dernier film de la réalisatrice australienne Gillian Armstrong (Oscar and Lucinda). Et pourtant, comble de l’absurde, elle y interprète une Écossaise qui devient agent secret allié à la Résistance française, sous le gouvernement de Vichy, en 1942… Dès que Charlotte quitte Londres pour le petit village de Lézignac, on constate, non sans un agacement certain, que les Français ont le vocabulaire bien limité: madame, monsieur, papa, maman et, réplique bien classique, "que c’est beau l’amour". Tout le monde, à l’exception des soldats allemands, parle anglais! Restent quelques écriteaux en français et les champs de lavande pour la couleur locale.

Basé sur le roman de Sebastian Faulk, le scénario de Jeremy Brock n’est guère plus crédible que cette satanée convention linguistique. Le scénariste a préféré jouer la carte du sentimentalisme exacerbé plutôt que de créer des personnages nuancés. Curieuse héroïne d’ailleurs que cette Charlotte, dont l’amour qu’elle porte aux hommes l’amène à commettre des actions bien au-delà d’elle-même. Comme si une femme ne pouvait avoir d’autre volonté que celle du coeur… Ainsi, Charlotte passe quelques nuits avec un aviateur britannique (mignon Rupert Penry-Jones) puis, lorsqu’elle apprend que l’avion de ce dernier est porté disparu en France, elle décide de s’engager dans la Résistance. Après un entraînement rapide (durant lequel elle démontre sa maîtrise du français!), l’espionne en herbe est parachutée dans la France rurale. Elle prendra à coeur le destin de quelques braves villageois, dont deux gamins juifs, un ancien combattant (Michael Gambon, très convaincant) et plus particulièrement son fils, le très engagé Julien Levade (Billy Crudup, honnête), sensible aux charmes de Charlotte. Apprenant la mort de son beau militaire, la jolie Écossaise continue tout de même à oeuvrer pour les Britanniques et les Français, en ayant l’air de ne pas trop saisir les enjeux. Charlotte aurait même une propension à tout faire échouer autour d’elle…

Avec une finale d’un romantisme appuyé, Charlotte Gray, au demeurant très bien photographié et porté à bout de bras par une Cate Blanchett fort convaincue, déçoit par son intrigue guerrière négligée au profit d’une romance prévisible.

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