Cinéma : Rentrée culturelle d’hiver
2001 ne fut pas un cru exceptionnel; les films promis aux honneurs laissent dubitatif et ce début d’année n’a rien pour nous exciter. Ceci étant… on peut toujours regarder.
Les productions américaines
2001 ne fut pas un cru exceptionnel; les films promis aux honneurs laissent dubitatif et ce début d’année n’a rien pour nous exciter. Ceci étant… on peut toujours regarder. On peut se demander par exemple ce qui amuse tant les Américains dans la décoration de vieilles histoires, comme The Time Machine par exemple, coréalisé par le petit-fils de H.G. Wells, avec Guy Pearce et Jeremy Irons. Ce doit être les Morlocks. Ou: pourquoi un autre The Count of Monte Cristo, surtout par le réalisateur de Waterworld? Et qu’attendre d’une nouvelle mouture de Rollerball, de Monsieur Die Hard (John McTiernan), film sans cesse remis à plus tard, où Jean Reno fait son numéro? On peut prévoir une inévitable déferlante de héros: après Black Hawk Down, il faudra supporter We Were Soldiers, où Mel Gibson fait le bon gars au Viêt Nam; Hart’s War, où Bruce Willis fait le bon gars durant la Seconde Guerre mondiale; et – avec peut-être plus de chance – Below, film d’horreur et de science-fiction qui se passe dans un sous-marin durant cette même guerre, du réalisateur David N. Twohy, écrit par Darren Aronofsky (Pi, Requiem for a Dream). Mais que faire de Collateral Damage avec Schwarzenegger? On le laissera courir après les terroristes.
Dans la série "Était-ce bien raisonnable de faire un film?", soulignons les cheveux jaunes de Britney Spears dans Crossroads; un thriller avec Val Kilmer (The Salton Sea); un drame poignant avec Dennis Quaid (The Rookie); et, après The Mothman Prophecies avec Richard Gere, un autre film qui traite de paranormal émouvant, mais avec Kevin Costner (Dragonfly). Mieux vaut contrôler sa peur avec Jodie Foster dans The Panic Room, cellule de haute sécurité bien pratique en cas d’attaque, un film de David Fincher (Fight Club, Seven), qui n’est pas le dernier venu pour donner des cauchemars. Dans le genre drame social, John Q, de Nick Cassavetes, semble tout indiqué, puisque Denzel Washington prend l’urgence d’un hôpital en otage pour sauver son fils; à moins que les tensions interraciales ne volent la vedette dans Monster’s Ball, avec Billy Bob Thornton.
Et puisqu’on attend de nous quelques rires, en voilà peut-être: Ice Age, de Chris Wedge, une animation qui promet de faire swinguer la calotte glaciaire; Showtime, pour un duo de flics entre Robert De Niro et Eddie Murphy; et Death to Smoochy, un film de Danny DeVito avec Robin Williams, qui raconte l’histoire d’un rhinocéros bleu qui embête tout le monde. On rit déjà.
Plus sérieusement, et pour patienter jusqu’à Gangs of New York de Martin Scorsese, nous nous nous jetterons sur la suite de Sex, Lies and Videotape: Full Frontal, de l’homme qui filme plus vite que son ombre, Steven Soderbergh, avec David Duchovny et Julia Roberts. Il faudra également jeter un oeil sur la comédie romantique Monsoon Wedding, de Mira Nair (Salaam Bombay), annoncé comme un rafraîchissement. Enfin, pour les inconditionnels, il reste Blade 2, avec plus de sang; et E.T. de Spielberg, avec plus de scènes (mais pas de bloopers, zut).
Le reste du monde
On ne sait que choisir: du dogme drôle chez les Belges (Strass, de Vincent Lanoo) ou du dogme drôle à Copenhague (Italian For Beginners, de Lone Scherfig), deux films aimés des festivals? Luc Besson, quant à lui, reste la tête coincée dans le tiroir caisse en signant le scénario de Yamakasi, un truc para-samourai urbain; La Vérité si je mens 2 et une comédie sur les régimes amaigrissants J’ai faim!!!, de Florence Quentin promettent des rigolades. Il semblerait par contre qu’Étienne Chatiliez soit revenu au comique cruel avec Tanguy, où Sabine Azéma et André Dussollier n’ont qu’une hâte: que leur fils de 28 ans quitte la maison !
Sans rire, on dit aussi beaucoup de bien de Lantana, de Ray Lawrence, avec Geoffrey Rush, Anthony La Paglia et Barbara Hershey. Soyons aussi curieux de Heaven, un film qui regroupe quelques noms intéressants: le réalisateur allemand Tom Tykwer (Cours, Lola, cours), un scénario de feu Kieslowski, et les acteurs Cate Blanchett et Giovanni Ribisi. On verra aussi ce que donne Le Fate Ignoranti, drame italien du réalisateur turc de Hamam, Ferzan Ozpetek; et les performances britanniques et croisées de Judi Dench, Jim Broadbent et Kate Winslet dans Iris, de Richard Eyre, sur la vie de la romancière Iris Murdoc, feront peut-être des flammèches aux Golden Globes et aux Oscars.
Le bonbon viendra avec 8 Femmes, le policier à la Agatha Christie de François Ozon (Sous le sable), avec toutes les actrices françaises de l’heure; et L’Emploi du temps, de Laurent Cantet, excellent drame. Un Patrice Lecomte est toujours bon à prendre: ce sera Rue des plaisirs, avec Laetitia Casta, Patrick Timsit et Vincent Elbaz.
Dans notre jardin, on attend au tournant Yellowknife, le dernier film de Rodrigue Jean (Full Blast), avec Patsy Gallant; celui de Dominic Gagnon, Richard Jutras et Robert Morin (Quiconque meurt, meurt à douleur), un regard sur les reality shows, intitulé Opération Cobra; et un polar de Jean Beaudin, Le Collectionneur, avec Maud Guérin et Luc Picard. On parle aussi d’un film pour enfants, La Mystérieuse Mademoiselle C, signé Richard Ciupka (Le Dernier Souffle).
Des dates à retenir et des anniversaires à souligner: les Rendez-vous du cinéma québécois fêtent leurs 20 ans du 15 au 24 février, tout comme le FIFA, élégant Festival des films sur l’art, du 12 au 17 mars; et lors de la quatrième Soirée des Jutra, le 17 février, on rendra hommage à la cinéaste Anne-Claire Poirier. À la Cinémathèque, on saluera pas mal de monde, dont Gilles Groulx et le cinéma de Robbe-Grillet… Bon début d’année.