Rétrospective Dreyer : La Passion de Jeanne d’Arc, de Carl T. Dreyer: Un classique qui n’a pas pris une ride.
Avec douze longs métrages et sept courts métrages, la rétrospective Dreyer présentée par la Cinémathèque québécoise est un petit événement en soi.
Avec douze longs métrages et sept courts métrages, la rétrospective Dreyer présentée par la Cinémathèque québécoise est un petit événement en soi. En effet, hormis La Passion de Jeanne d’Arc, qu’on peut parfois voir à la télévision, la plupart des films du grand cinéaste danois sont quasi invisibles. Il faut dire que la rigueur, l’ascétisme et la spiritualité de Dreyer ne sont pas très synchrones avec les goûts du jour. Et pourtant, les passions les plus dévorantes, la révolte contre l’ordre établi et l’exaltation de la force des femmes sont autant de thèmes majeurs de cette oeuvre d’une modernité intemporelle, empreinte, simultanément, "de vitesse et de lenteur", selon les mots de Serge Daney.
Plus de 70 ans après sa création, La Passion de Jeanne d’Arc n’a pas pris une ride, chef-d’oeuvre du muet dans lequel les images parlent, à travers le jeu épuré et bouleversant de Falconetti et les visages terrifiants ou exaltés des juges, entre autres celui d’Antonin Artaud. Éliminant tout superflu, Dreyer filme les visages comme des paysages insondables. Luc Besson peut aller se rhabiller avec sa Jeanne d’Arc de Nintendo…
On pourra voir les films les plus connus (Vampyr, Jour de colère, Ordet, tous trois parlants), mais aussi d’autres, accompagnés au piano par Gabriel Thibodeau, comme Le Président, La Quatrième Alliance de dame Marguerite, Mikaël, Le Maître du logis et Feuillets arrachés au livre de Satan. Ce sera également l’occasion de (re)découvrir Gertrud, dernier film du cinéaste, tourné en 1964. Sous cette intrigue amoureuse relativement banale (les désillusions sentimentales d’une cantatrice mariée à un politicien), filmée en longs plans-séquences, se cachent une force, une évidence et une lucidité qui évoquent celles du cinéma de Michael Haneke. Le chant du cygne d’un grand maître.
À la Cinémathèque québécoise
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