Italian for Beginners : Vacances romaines
Cinéma

Italian for Beginners : Vacances romaines

A priori, un film comptant trois funérailles, un chômeur, une orpheline, et un impuissant, n’évoque pas tout de suite la comédie. De plus, lorsqu’il s’agit du cinquième film danois issu du mouvement Dogme 95 (sujets plutôt graves, lumière naturelle, improvisation des comédiens, absence de musique), chronique sur le quotidien d’une poignée d’hommes et de femmes, vivant dans une banlieue grise danoise, on ne s’attend pas vraiment à rigoler. Et pourtant, contre toute attente, Italian for Beginners, s’avère être un film dont on sort avec le sourire aux lèvres, en se disant que "la vie vaut la peine d’être vécue, et l’amour, qu’on soit cocu"…

A priori, un film comptant trois funérailles, un chômeur, une orpheline, et un impuissant, n’évoque pas tout de suite la comédie. De plus, lorsqu’il s’agit du cinquième film danois issu du mouvement Dogme 95 (sujets plutôt graves, lumière naturelle, improvisation des comédiens, absence de musique), chronique sur le quotidien d’une poignée d’hommes et de femmes, vivant dans une banlieue grise danoise, on ne s’attend pas vraiment à rigoler. Et pourtant, contre toute attente, Italian for Beginners, s’avère être ce que les Américains appellent un "feel good movie", un film dont on sort avec le sourire aux lèvres, en se disant que "la vie vaut la peine d’être vécue, et l’amour, qu’on soit cocu"… Avec ce réjouissant troisième long métrage, la réalisatrice Lone Scherfig, également scénariste, a réussi à éviter la tranche de vie, tout en ne tombant pas dans la fable moralisatrice.

Ils sont cinq, deux femmes et trois hommes, à se débattre pour garder la tête hors de l’eau: une coiffeuse qui héberge sa vieille mère (Ann Eleonora Jorgensen); une pâtissière gaffeuse (Anette Stovelbaek), d’origine italienne, qui vit dans l’ombre de son père; un pasteur débutant (Anders W. Berthelsen), fraîchement débarqué, confronté à ses problèmes de conscience; un jeune gérant de cafétéria caractériel (Lars Kaalund), qui cherche l’amour en fonçant dans le tas; et un quadragénaire esseulé (Peter Gantzler), bon comme de la pâte, et qui a des problèmes érectiles, comme on dit à Télé-Québec. Une poignée d’humains qui se croisent dans un cours d’italien, soupape hebdomadaire à une vie qui n’est ni l’enfer ni le paradis, mais qui a bien besoin de ces quelques échappées vers Venise, et la douceur toscane…

Au Festival de Toronto, l’an dernier, les gens des médias et de l’industrie ont applaudi chaleureusement ce film sorti de nulle part, pratique rare pour ce public a priori blasé. Ça donne une idée de l’enthousiasme suscité par ce surprenant petit film danois. Petit, parce que les moyens mis en oeuvre sont modestes, et que la cinéaste s’efface derrière les destins qu’elle met en scène. Empruntant des chemins de traverse, elle prend le temps d’installer son histoire tout doucement, et parvient à mettre de l’avant l’humanité et l’humour de ces personnages blessés par la vie, sans jamais en sacrifier les nuances ou la crédibilité. Surprenant, parce que, malgré la facture Dogma, et ses protagonistes un peu paumés, Italien pour débutants évoque plus Marius et Jeannette que Les Idiots ou La Célébration.

À l’instar de Guédiguian, on sent, chez la réalisatrice, une empathie communicative pour ces personnages. Avec un optimisme lucide, elle ne gomme en aucun moment le tragique des situations (chômage, divorce, deuil, alcoolisme, impuissance), mais y jette un regard compatissant et distancié, les intégrant sans complaisance à la trame de son récit, sans jamais perdre de vue un humour qui sonne vrai. Ça donne un film profondément humaniste, qui s’en va graduellement vers la légèreté, vers l’ouverture, vers la lumière. Une belle surprise.

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