Monster's Ball : La haine
Cinéma

Monster’s Ball : La haine

L’univers illustré dans Monster’s Ball n’est guère séduisant. Gardiens de prison de père en fils, les Grotowski vivent dans un climat familial violent: veuf à la retraite, Buck (Peter Boyle, convaincant) est rongé par la haine et le racisme; son fils Hank (Billy Bob Thornton, très solide) n’éprouve aucune compassion pour les condamnés à mort et méprise son propre fils, Sonny (Heath Ledger, honnête).

L’univers illustré dans Monster’s Ball n’est guère séduisant. Gardiens de prison de père en fils, les Grotowski vivent dans un climat familial violent: veuf à la retraite, Buck (Peter Boyle, convaincant) est rongé par la haine et le racisme; son fils Hank (Billy Bob Thornton, très solide) n’éprouve aucune compassion pour les condamnés à mort et méprise son propre fils, Sonny (Heath Ledger, honnête). Ce dernier, après une altercation avec son père, s’enlève la vie, tout comme l’avait fait sa mère. Ce suicide ébranle à ce point Hank qu’il quitte son emploi, et cesse tout comportement raciste. Peu après, il rencontre Leticia (Halle Berry, étonnante et en lice pour la statuette de la meilleure actrice 2002), pauvre serveuse monoparentale alcoolique, dont le mari (Sean Comb, efficace) vient d’être exécuté. Leticia perd aussi son fils (Coronji Calhoun, touchant), un jeune obèse qu’elle battait et insultait. Lorsqu’il découvre que le dernier détenu qu’il a accompagné dans le corridor de la mort était le conjoint de Leticia, Hank décide de prendre soin d’elle. Un scénario original peu joyeux, mais qui vient d’être mis en nomination aux Oscars.

Monster’s Ball aurait pu être le plus vulgaire des mélos, avec ses personnages sordides sur qui le malheur s’acharne, ses revirements pour le moins déconcertants, et une histoire d’amour à peine croyable. Cependant, Marc Forster, qui s’est d’abord fait connaître comme documentariste et dont le long métrage de fiction Everything Put Together a fait partie de la sélection officielle de Sundance 2000, évite habilement le piège du misérabilisme, grâce à une mise en scène sobre, à la limite de la froideur.

La caméra s’attarde de façon clinique sur chaque petit détail pour capter les gestes, tantôt mécaniques, tantôt las, des personnages, et pour souligner la tristesse des lieux. Les répliques, peu abondantes, tombent comme des couperets; chacune d’elles se fait cinglante et trahit la médiocrité ou la détresse des personnages. La trame sonore reste discrète – plutôt rare de nos jours! – pour laisser place à la respiration des acteurs. Le rythme lent, plus particulièrement dans la première demie du film, donne l’impression que les protagonistes sont prisonniers de la vacuité de leur existence. Puis, lors de la scène pivot, des plans morcelés dévoilent deux corps qui s’aiment désespérément. Les héros s’humanisent et l’amour s’avère la seule rédemption. Un film dur et sombre, mais non sans beauté.

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