Iris : L’oubli
Iris est plus qu’un hommage respectueux à la femme de lettres britannique Iris Murdoch. Il s’agit d’un roman d’amour; d’une grande histoire entre deux êtres, en apparence dissemblables, qui se complétaient merveilleusement.
Iris
est plus qu’un hommage respectueux à la femme de lettres britannique Iris Murdoch. Il s’agit d’un roman d’amour; d’une grande histoire entre deux êtres, en apparence dissemblables, qui se complétaient merveilleusement. Plus encore, c’est le récit d’un bel esprit ravagé par la maladie d’Alzheimer. Considérée comme la plus brillante femme d’Angleterre, Iris Murdoch (1919-1999), philosophe de formation, publie son premier roman, Under the Net, à 35 ans. Elle en écrira en tout 25, ainsi que quelques pièces de théâtre et essais philosophiques. En 1956, elle épouse l’écrivain et critique littéraire John Bayley, de six ans son cadet, qui l’aimera jusqu’à la fin, avec dévotion.
Farouchement indépendante, Iris ne partageait pas facilement sa pensée et n’aimait pas discuter de ses oeuvres au moment où elle les écrivait. Elle est même demeurée une sorte d’énigme pour son mari qui lui a consacré deux livres, Elegy for Iris et Iris and Her Friends. C’est aussi l’impression qui persiste après avoir vu le film de Richard Eyre, qu’il a écrit avec Charles Wood, d’après les bouquins de Bayley: Iris révèle bien peu de choses sur la romancière, et encore moins sur son oeuvre. Pourtant, et bien qu’il ait fortement condensé tout ce qu’avait confié Bayley, on sent que le réalisateur a su en capter l’essence.
Respectant la structure narrative d’Elegy for Iris, le film met parallèlement en scène les dernières années de vie commune d’Iris et John (Judi Dench et Jim Broadbent) et les premiers instants du jeune couple (Kate Winslet et Hugh Bonneville). Très tôt, force est de constater que le principal propos du film est la déchéance mentale d’Iris, laquelle est présentée avec pudeur et vraisemblance. Les scènes entre l’extraordinaire Judi Dench et Jim Broadbent, comédien caméléon par excellence, durant les différents stades de la maladie d’Iris, sont parmi les plus troublantes. Tous deux, mis en nomination aux Oscars, s’y révèlent bouleversants. À mesure que la maladie évolue, Iris perd graduellement son autonomie jusqu’à devenir complètement dépendante de son mari, qui la soigne dans la plus totale abnégation, et qui la regarde encore avec ses yeux d’adolescent énamouré. Ces moments pathétiques sont parfois teintés d’humour – Bayley a lui-même décrit son couple comme deux enfants qui s’aimaient – et d’autres fois très éprouvants, notamment lorsque John, à bout de forces, crie sa rage à Iris, qui a déjà oublié le mal qui la ronge. Les longs sanglots des violons n’étaient pourtant pas nécessaires… Chaque fait ou geste d’Iris replonge John dans ses souvenirs de jeunesse. Parcourant la campagne à bicyclette, les jeunes amants se font alors des confidences qui laissent deviner ce qu’il adviendra de leur couple. Dans ces flash-back, Winslet est à la fois douce et impétueuse, et Bonneville, qui ressemble de façon stupéfiante à Jim Broadbent, est absolument attendrissant. Ne ralentissant pas le récit, ces retours en arrière permettent de constater à quel point la maladie aura cruellement inversé les rôles. Sans être un grand film, Iris vaut qu’on s’y attarde pour l’illustration convaincante de la maladie d’Alzheimer et l’interprétation de haut calibre.
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