

Monsoon Wedding : Affaires de famille
De La Règle du jeu de Renoir à Festen de Vinterberg, en passant par A Wedding d’Altman, on ne compte plus les films où une cérémonie (partie de chasse, baptême, mariage, enterrement, etc.) sert de décor à l’étude des moeurs, codes et dessous de la bourgeoisie, et, la plupart du temps, à un règlement de comptes.
Éric Fourlanty
De La Règle du jeu de Renoir à Festen de Vinterberg, en passant par A Wedding d’Altman, on ne compte plus les films où une cérémonie (partie de chasse, baptême, mariage, enterrement, etc.) sert de décor à l’étude des moeurs, codes et dessous de la bourgeoisie, et, la plupart du temps, à un règlement de comptes. Montrant les préparatifs d’un grand mariage indien, Monsoon Wedding, écrit par Sabrina Dhawan, est de ceux-là, mais on ne trouve aucun cynisme dans ce film qui célèbre l’importance de la famille et l’exubérance de la culture punjabi. "Les Punjabi sont à l’Inde ce que les Italiens sont à l’Europe", explique la réalisatrice Mira Nair dans le dossier de presse. En effet, il y a quelque chose d’italien dans cette réunion familiale où les cris de joie se mêlent aux engueulades, et les conflits larvés, aux secrets douloureux, qui ne tarderont pas à éclater.
À l’approche de la mousson, les Verma, famille aisée de Delhi, accueillent leur parenté, venue d’un peu partout, et les membres de la future belle-famille, afin de célébrer le mariage arrangé de la cadette avec un ingénieur de Houston, parti de chez lui il y a quatre ans. Parallèlement, l’organisateur de la fête tombe amoureux de la jeune servante de la famille. Sur cette trame aux accents shakespeariens (Le Songe d’une nuit d’été), la réalisatrice de Salaam Bombay! et de Mississippi Masala a brodé une chatoyante mosaïque.
Sur le coup, on peut s’étonner que le film ait remporté le Lion d’or au dernier Festival de Venise, tant la mise en scène ne se donne jamais en spectacle. Mais, si on y regarde de plus près, derrière cette apparente simplicité, se cache une complexité parfaitement assumée, où la cinéaste entremêle de nombreux personnages et de multiples intrigues, et manie les changements de ton avec une aisance confondante. Si le jeu avec les conventions "bollywoodiennes" n’est pas toujours très clair pour un regard occidental, le passage de la comédie à un ton plus dramatique se fait tout seul, bien senti et sans dérive mélodramatique. Les comédiens y sont pour beaucoup, principalement Shefali Shetty, en jeune femme hantée par un secret d’enfance, Naseeruddin Shah, en patriarche débordé, et Vijay Raaz, en magouilleur littéralement frappé par l’amour.
Tourné en 30 jours, Monsoon Wedding est, sous ses dehors exotiques, de facture assez classique, mais constitue un vrai régal pour l’oeil, et pour l’ouïe, musique de Mychael Danna et pop indienne à l’appui. Dépaysant.
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