Ça ira mieux demain : Trois fois rien
Cinéma

Ça ira mieux demain : Trois fois rien

Vous vous êtes déjà demandé ce qui arrivait à vos meubles en bois, stockés dans votre cave? Non? Vous plaisantez! Saviez-vous que le bois respirait? Et que si vous emballiez vos meubles dans du plastique, vous risqueriez de les gâcher? Si, si, si. Va toujours pour le chêne, mais je ne vous parle pas des autres essences… Ça gondole, ça pourrit, ça fend. Une  horreur.

Vous vous êtes déjà demandé ce qui arrivait à vos meubles en bois, stockés dans votre cave? Non? Vous plaisantez! Saviez-vous que le bois respirait? Et que si vous emballiez vos meubles dans du plastique, vous risqueriez de les gâcher? Si, si, si. Va toujours pour le chêne, mais je ne vous parle pas des autres essences… Ça gondole, ça pourrit, ça fend. Une horreur.

Voilà en substance les propos que tiennent les personnages de Ça ira mieux demain, la dernière fantaisie de Jeanne Labrune, à des lieues de l’univers sordide de Si je t’aime, prends garde à toi. Au tout début, le babillage futile de ces drôles de zigotos étonne et fait sourire; on se croirait en plein festival du 1er juillet à Montréal, avec les sempiternelles décisions à prendre quant à la peinture, aux rideaux et à l’avenir des commodes encombrantes. Mais au moment où ça commence à devenir un tantinet lassant, les personnages, qui tiennent toujours leur discours insignifiant, se dévoilent peu à peu. Il y a l’obsessionnelle compulsive (Jeanne Balibar, plutôt inquiétante) qui s’immisce dans la vie d’une bourgeoise névrosée (impeccable Nathalie Baye) et de son psy de mari (Jean-Pierre Daroussin, flegmatique à souhait). Autour d’eux gravitent des personnages tout aussi singuliers: un décorateur qui se livre à des soliloques sur les méfaits de la choucroute sur son tour de taille (Didier Bezace, tordant); une vieille dame qui se veut branchée (la toujours charmante Danielle Darrieux); puis le défilé des patients colorés du psy… Somme toute, il n’y a que la musicienne un peu revêche (Isabelle Carré, très bien) qui semble avoir la tête solide dans tout ça. Et encore.

Puis, ça recommence! On déblatère sur tout et rien, on tergiverse, on s’engueule, on fait la sourde oreille et puis on se dit finalement que "ça ira mieux demain". Mais qu’est-ce que ça donne en bout de course? Un petit film qui ne se prend pas au sérieux, une mise en scène paresseuse – un hommage au cinéma muet, selon la réalisatrice – et des comédiens qui jouent avec un plaisir évident. Partir d’un prétexte aussi banal que l’entreposage d’un meuble pour imaginer une comédie de moeurs et une étude des comportements: le pari était osé. Mais Labrune manque de subtilité; elle force la note sur la vacuité du sujet, à l’instar de Si je t’aime, prends garde à toi où il y avait surenchère de violence. Résultat: ça tourne rapidement à vide. Dommage que la plume de Labrune ne soit pas plus acérée, et le scénario plus serré, ç’aurait été drôlement jouissif. Une prochaine fois, peut-être?

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