Harrison's Flowers : Champs de mines
Cinéma

Harrison’s Flowers : Champs de mines

La dernière fois qu’on a vu Andie MacDowell bonne actrice, c’était dans Sex, Lies and Videotape, de Soderbergh. Et là, dans un film d’Élie Chouraqui, on retrouve cette fille convaincante, autant dans la sensualité que dans la froideur. Justement à fleur de peau. Elle incarne avec Elias Koteas, Brendan Gleeson, Adrien Brody et David Strathairn les conséquences humaines d’un dérèglement qui n’a rien d’humain.

La dernière fois qu’on a vu Andie MacDowell bonne actrice, c’était dans Sex, Lies and Vidéotape, de Soderbergh. Et là, dans un film d’Élie Chouraqui, on retrouve cette fille convaincante, autant dans la sensualité que dans la froideur. Justement à fleur de peau. Elle incarne avec Elias Koteas, Brendan Gleeson, Adrien Brody et David Strathairn les conséquences humaines d’un dérèglement qui n’a rien d’humain. Et c’est le point fort du film de Chouraqui (loin des histoires de salon françaises, comme Les Marmottes et Paroles et Musique): Harrison’s Flowers est un drame classique qui personnalise le bourbier entre Serbes et Croates, et qui vient tracer la ligne entre civilisation et barbarie. C’est simpliste, mais ça fonctionne. On se retrouve entre Missing et Welcome to Sarajevo. On y raconte l’histoire d’une Américaine, mère de deux enfants, travaillant à Newsweek et qui, mariée à Harrison, un des grands photo-reporters du magazine, décide de partir à sa recherche en Yougoslavie, car ce dernier est porté disparu. Elle ne croit pas à sa mort et se retrouve parachutée à l’automne 1991 au milieu d’une guerre infernale, au plus violent des affrontements.

Chouraqui a bien joué l’effet de surprise. En amorce, il installe confortablement la clique journaliste new-yorkaise, avec les guéguerres intestines et les prix Pulitzer; il donne une couleur à chaque personnage, se permettant aussi des entrevues de style reportage (un tic télévisuel fatigant qui pullule dès qu’on aborde le thème des médias). Mais dès l’arrivée de MacDowell sur le sol yougoslave, la guerre saute aux yeux, effrayante, et l’on retrouve tous les personnages in situ, dans le feu de l’action, exerçant au mieux de leurs capacités leur métier de photographe de presse. On passe les trois quarts du film dans l’horreur, s’enfonçant comme eux dans l’enfer. Les scènes de guerre sont particulièrement réussies. C’est rugueux, rapide et terrifiant. Et même si c’est morbide, il ne faudrait garder que cela, car le reste (les fleurs, les enfants au New Jersey, et la fin psycho-pop) devient sans saveur.

Des scènes, donc, qui mettent en relief une évidence que l’on oublie vite, vu la prolifération d’images et d’infos: les pays qui ne sont pas en guerre sont à mille lieues de ce qui se passe sur les champs de bataille. Les photos des reporters qui arrivent au magazine, dérisoires et désincarnées, ne témoignent que d’un instant de folie. En essayant de compléter le tableau, Chouraqui rend hommage à ceux qui se débattent pour témoigner.

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