Little OtikEt les gagnants sont…
Cinéma

Little OtikEt les gagnants sont…

Little Otik

, ou comment ne pas se faire bouffer par ses désirs. Les psychiatres ont des noms pour ce genre de dérèglements. Jan Svankmajer, réalisateur tchèque féru de marionnettes, d’animation et de surréalisme, connu internationalement pour sa version lynchienne du conte de Lewis Carroll, Alice (1988), préfère l’humour très noir, proche de l’horreur. Il mélange avec aisance dans ce quatrième long métrage un mythe ancien, la comédie contemporaine, l’horreur, l’humour et cette façon très sarcastique de décortiquer les mécanismes absurdes qui régissent nos agissements. On prend un couple complètement stérile, Bozena (Veronika Zilkovà ) et Karel (Jan Hartl). Bozena se meurt de ne pouvoir être mère. Karel déterre une racine ressemblant vaguement à un poupon et l’offre, en blague, à sa femme. Non seulement Bozena s’en entiche comme une folle, talquant les "fesses" de la racine après le bain, mais la racine, baptisée Otik, se met à vivre. Elle grandit et a une faim d’ogre. Ouvrant une bouche à la dentition horrible, Otik avale le chat, la travailleuse sociale et tous les autres humains égarés dans sa chambre. Si la racine animée est à deux doigts du film d’horreur, ronflante au milieu de ces os humains grugés, Svankmajer amplifie le malaise avec ses innombrables plans de coupe de nourriture, de gavage, et de soupe dégoulinante. Il en rajoute avec une petite fille joufflue et dégourdie qui, elle aussi, veut être mère; d’un vieux vicieux à la braguette animée, et d’une paysanne acharnée sur son potager. L’histoire linéaire, d’une simplicité enfantine, est aussi démoniaque que les cauchemars des petits, même si elle s’étire en longueur. Alors qu’Otik prend de plus en plus de force, on en perd au fur et à mesure d’un scénario qui étire la sauce. Nous vider de notre sang, tel était peut-être le but… Surprenant. Du 15 au 22 mars, au Cinéma du Parc.

Et les gagnants sont…
Le FIFEM a fait de nouveaux heureux avec, entre autres, Envoyez-nous des bonbons, de Caelilia Holbek Trier, qui a gagné le Grand prix du long métrage. Le Prix spécial du jury va aux Enfants invisibles de Lisandro Duque Naranjo; et le jury "enfants" a craqué pour Les Enfants de ma soeur, de Tomas Villum Jensen. À Festivalissimo, un jury de l’AQQC (association québécoise des critiques de cinéma) a décerné une mention à Una Historia de entonces, de José Luis Garci, et le Prix de la critique à Solo por Hoy, de l’Argentin Ariel Rotter. À l’année prochaine…