The Devil in the Holy Water : Un bon petit diable
Cinéma

The Devil in the Holy Water : Un bon petit diable

En 1997, Joe Balass a réalisé Nana, George et moi, un excellent essai documentaire où, sans aucun narcissisme, le jeune cinéaste se plaçait entre sa grand-mère juive irakienne et un vieux Britannique gai, dandy provocateur, confrontant avec humour deux visions du monde. Dans The Devil in the Holy Water, il reprend, avec un peu moins de bonheur, cette construction bicéphale.

En 1997, Joe Balass a réalisé Nana, George et moi, un excellent essai documentaire où, sans aucun narcissisme, le jeune cinéaste se plaçait entre sa grand-mère juive irakienne et un vieux Britannique gai, dandy provocateur, confrontant avec humour deux visions du monde.

Dans The Devil in the Holy Water, il reprend, avec un peu moins de bonheur, cette construction bicéphale alors qu’il promène sa caméra dans Rome, du Vatican, où ont lieu les célébrations du Jubilé marquant les 2000 ans de l’église catholique, au Colisée, où se prépare le World Pride, première manifestation gaie de cette importance dans la Ville éternelle, et dont la tenue semble compromise jusqu’au dernier moment.

Sa petite caméra à la main, Joe Balass interroge quiconque veut bien lui parler: des passants qui, pour la plupart, se défilent plus ou moins lorsqu’ils apprennent la nature des questions (Que pensez-vous de la tenue du World Pride pendant le Jubilé?), mais aussi des religieuses en pèlerinage, des party boys danois, des adolescentes romaines allumées, monseigneur Gaillot, prêtre progressiste, interdit de parole par l’évêché de Paris, lors d’une conférence sur la religion et l’homosexualité, et un couple de jeunes gais italiens, Emiliano et Pier Paolo, qui font timidement leur coming out à la caméra.

Le Diable dans l’eau bénite ressemble à son réalisateur: poli et têtu, diplomate et persévérant, louvoyant pour arriver à ses fins. Il faut le voir interviewer monseigneur Etchegaray, organisateur du Jubilé, et porte-parole à la langue de bois; ou filmer l’organisatrice en chef du World Pride, avec sa blonde, sur le bord de la rupture. Jamais voyeur, il aborde les choses en douceur, mais de front, sans jamais porter de jugement à l’emporte-pièce, laissant le président d’une association étudiante catholique, inquisiteur à peine pubère, se couler lui-même, mais filmant une religieuse qui l’aide spontanément à regonfler le pneu crevé de son vélo.

Tout est bien qui finit bien: Jean-Paul II condamne la tenue d’un événement "qui a terni le Jubilé", et le World Pride se déroule sans problème. Mais lorsqu’on voit le plan final, où le cinéaste montre, avec beaucoup d’humour, et une pointe d’ironie, Emiliano et Pier Paolo s’éloigner en s’inquiétant de l’impact que leurs confidences vont avoir au Canada, on se dit qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire…

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