Maya : Faux départ
Cinéma

Maya : Faux départ

Chaque année, des centaines de fillettes indiennes sont violées lors d’un rituel marquant leur passage à l’âge adulte. Pourtant formellement interdite en Inde, cette initiation se pratique dans les castes les plus pauvres des villages reculés, notamment dans l’État d’Andhra Pradesh, où Maya, premier long métrage de Digvijay Singh, a été tourné. Le jeune réalisateur indien a voulu dénoncer la chose, mais l’entreprise, fort louable, s’avère cependant  déroutante.

Chaque année, des centaines de fillettes indiennes sont violées lors d’un rituel marquant leur passage à l’âge adulte. Pourtant formellement interdite en Inde, cette initiation se pratique dans les castes les plus pauvres des villages reculés, notamment dans l’État d’Andhra Pradesh, où Maya, premier long métrage de Digvijay Singh, a été tourné.

Le jeune réalisateur indien a voulu dénoncer la chose, mais l’entreprise, fort louable, s’avère cependant déroutante; car Maya se présente au premier abord comme un gentil film pour enfants qui relate la vie d’une fillette pauvre élevée par son oncle et sa tante fortunés (Anant Nag et Mita Vasisht). Singh envoie de superbes cartes postales gorgées d’une lumière dorée – l’Inde n’a jamais semblé si belle -; et le récit des péripéties puériles de Maya (Nitya Shetty) et de son cousin Sanjay (Nikhil Yadav) s’étire inutilement.

Tout va pour le mieux jusqu’au jour où la tante découvre que Maya a ses premières règles. La rupture de ton est si abrupte que l’on a l’impression de se retrouver soudainement devant un tout autre genre de film. La famille adoptive, de connivence avec les parents de la jeune fille, organise une cérémonie religieuse pour marquer cet événement. Puis tout bascule dans l’horreur.

Derrière la porte du temple, l’adolescente pousse des cris de douleur. La caméra survole le sari de Maya et les tuniques des religieux soigneusement pliées. Filmée avec pudeur, la scène n’en est pas moins éprouvante. Au son des prières, le prêtre et les trois officiants violent un à un la jeune fille dont les jambes s’agitent faiblement sur l’autel. Pendant ce temps, toute la famille festoie autour du temple; seul Sanjay s’insurgera contre l’horrible tradition.

Présenté lors du dernier Festival des films du monde de Montréal, Maya laisse malgré tout songeur quant à la façon de dénoncer cette "coutume" barbare, car, outre l’avertissement en début de film, "basé sur des pratiques réelles", le spectateur est laissé dans l’ignorance. Des personnages plus fouillés, une autorité quelconque, auraient pu apporter quelque vraisemblance pour ce qui est de la position des parents face à de telles traditions, et quelques bémols devant cette situation. Situant le drame dans un milieu bourgeois, les Indiens ont été choqués par ce film porteur d’une image déformée de leur pays; même si le réalisateur signale, à la toute fin, que l’abus des enfants n’est pas une affaire de culture ou de région. Maladroit.

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