Turning Paige : Moeurs sensibles
Cinéma

Turning Paige : Moeurs sensibles

Prix du meilleur scénario au Festival de Vancouver, Turning Paige, de Robert Cuffley, est de ces films discrets qui, vu d’ici, semblent sortir un peu de nulle part, à la manière de New Waterford Girl ou The Hanging Garden, deux autres premiers films canadiens avec lesquels Turning Paige a des points en commun. Comme dans le premier, le personnage principal est une adolescente qui traîne son mal de vivre dans une petite ville plus ou moins anonyme; comme dans le second, le retour au bercail d’un grand frère fera éclater un grave conflit  familial.

Prix du meilleur scénario au Festival de Vancouver, Turning Paige, de Robert Cuffley, est de ces films discrets qui, vu d’ici, semblent sortir un peu de nulle part, à la manière de New Waterford Girl ou The Hanging Garden, deux autres premiers films canadiens avec lesquels Turning Paige a des points en commun. Comme dans le premier, le personnage principal est une adolescente qui traîne son mal de vivre dans une petite ville plus ou moins anonyme; comme dans le second, le retour au bercail d’un grand frère fera éclater un grave conflit familial.

Douée pour l’écriture, Paige (Katharine Isabelle) est une adolescente comme les autres, peut-être un peu plus fantasque, et qui, depuis la mort de sa mère, deux ans auparavant, vit seule avec son père (Nicholas Campbell). Après deux ans d’absence, son frère aîné (Philip De Wilde) débarque à la maison, et le fragile équilibre que le père et la fille avaient réussi à installer entre eux va voler en éclats. Les vieilles blessures vont se rouvrir, et le manège infernal de la famille en crise va se mettre en branle, n’épargnant personne.

À partir d’un canevas somme toute assez banal, Robert Cuffley et Jason Long ont bâti un scénario honnête qui, sans réinventer le genre du drame familial, dresse un portrait d’adolescente très convaincant. Maniant habilement l’humour noir et la nuance, Cuffley donne le beau rôle à Paige, jeune fille mal dans sa peau, mais trop orgueilleuse et trop profondément blessée pour l’admettre. Le personnage est si bien dessiné que les autres en pâlissent, particulièrement ceux des adultes, et surtout celui d’une professeure de français (Torri Higginson), dont on se demande un peu ce qu’elle vient faire là.

Si le film tient la route, c’est surtout grâce à Katharine Isabelle, une remarquable jeune comédienne, qui, avec un jeu très intérieur, mélange de dureté et de fragilité, incarne à merveille la nature contradictoire de cette adolescente "tombée au fond d’un trou, et qui ne sait pas comment s’en sortir".

Sans tambour ni trompette, Turning Paige s’impose tout doucement, et, s’il lui manque un peu de force pour vraiment décoller, cette étude de caractères en mineur signale l’émergence d’un cinéaste d’une grande sensibilité. À surveiller.

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