Vue du Sommet – Mon oeil pour une caméra : La caméra est notre amie
Vue du Sommet ou le don d’ubiquité. Magnus Isacsson monte une fois de plus aux barricades, et il n’y va pas seul. Il a orchestré sept équipes de tournage lors du Sommet des Amériques; un mini-sommet en soi. Sept regards pour une réalité forcément plurielle. Et cela donne quelque chose d’étonnant.
Vue du Sommet
ou le don d’ubiquité. Magnus Isacsson monte une fois de plus aux barricades, et il n’y va pas seul. Il a orchestré sept équipes de tournage lors du Sommet des Amériques; un mini-sommet en soi. Sept regards pour une réalité forcément plurielle. Et cela donne quelque chose d’étonnant. C’est peut-être le document le plus complet sur ce qui a été vécu à Québec l’année dernière: morcelés en groupuscules, les policiers, les invités et les manifestants donnent leur point de vue et expliquent la raison de leur présence. Le film a un lent démarrage, tous viennent devant la caméra sortir leur cassette. C’est comme un passage obligé par l’ennui, dans le ronron de la langue de bois de type télévisuel. Le rythme sourd de la bande-son fait monter l’anticipation. Puis, quand le grand tralala commence, les masques changent: les manifestants s’accrochent entre eux et une Argentine s’adoucit au contact de la fête. C’est aussi l’effet de la caméra-miroir. Du côté du Sommet-congrès, les invités ne sont pas tous barricadés dans l’enceinte, et même les policiers ne forment pas une masse monolithique. Valables, toutes les raisons se nuancent. A priori, et vu le sérieux de l’entreprise, on pourrait prendre ce document pour un ouvrage de référence. On se tromperait. Dans ce matériel énorme, si la caméra enregistre les faits, le montage les oriente. Les Pettigrew, Bush, Chrétien et Thomas D’Aquino (Conseil canadien des chefs d’entreprise) ne font pas le poids devant les militants. Leur présomption, voire leur bêtise, éclate à des moments choisis. La dissidence, même troublée par la caméra, est plus intéressante, bien sûr.
Mais l’image kaléidoscopique que l’on garde est bien plus subtile que celle des bons contre les méchants: on reste avec une masse mouvante et émouvante, composée de cellules agissantes, capable de se dissocier comme de se regrouper. Bref, avec quelque chose d’organique qui a tout ce qu’il faut pour engendrer un rapport de force intelligent dans une démocratie. Surtout pour la remettre en cause.
Les 25, 26, 27, 28 et 29 mars
Au Cinéma ONF
Mon oeil pour une caméra
On peut garder la caméra pour soi. À preuve, un petit film de Denys Desjardins, qui, lui aussi, part d’une envie de fixer sur pellicule des faits, de prendre sur le vif la vie sans scénario; rencontre entre une méditation en forme d’autoportrait, une quête futuriste et des références à Dziga Vertov, à Boris Lehman et aux films de famille! Mais le film seul serait un soliloque lassant s’il n’y avait un webzine à consulter (www.onf.ca/monoeil) sur les rapports que l’on peut entretenir avec la caméra, du super-8 familial aux caméras de surveillance. Aussi clair que ludique et instructif.
Les 22, 23 et 24 mars
Au Cinéma ONF
Le 28 mars sur Internet
Le 1er avril à Télé-Québec