Y Tu Mamá, También : À bout de course
Cinéma

Y Tu Mamá, También : À bout de course

Un plan d’ensemble sur un adolescent qui fait l’amour à sa blonde comme s’il courait le 100 mètres aux Olympiques: depuis 37o2 le matin, on n’avait pas vu un film démarrer aussi raide (sans jeu de mots!), et ça ne se calme pas vraiment par la suite. Road movie mené par un sentiment d’urgence constant, Y Tu Mamá, También, d’Alfonso Cuarón, n’est pourtant pas un film speedé, mais plutôt un voyage initiatique parcouru par une énergie, une vitalité qu’on voit rarement au cinéma de façon si tangible.

Un plan d’ensemble sur un adolescent qui fait l’amour à sa blonde comme s’il courait le cent mètres aux Olympiques: depuis 37o2 le matin, on n’avait pas vu un film démarrer aussi raide (sans jeu de mots!), et ça ne se calme pas vraiment par la suite. Road movie mené par un sentiment d’urgence constant, Y Tu Mamá, También, d’Alfonso Cuarón, n’est pourtant pas un film speedé, mais plutôt un voyage initiatique parcouru par une énergie, une vitalité qu’on voit rarement au cinéma de façon si tangible. La force de la prime jeunesse, peut-être…

Amis depuis toujours, et pour toujours, comme on peut l’être quand on a 17 ans, Tenoch (Diego Luna) et Julio (Gael Garcia Bernal) ont la vie devant eux, et Mexico à leurs pieds, d’autant plus que leurs blondes sont parties en vacances. Lors d’une réception de mariage, ils rencontrent Luisa (Maribel Verdú), une belle Espagnole dans la vingtaine, qui vient de débarquer avec son mari mexicain, et qu’ils invitent pour une virée de quelques jours à la plage. Après avoir tout d’abord refusé, Luisa accepte lorsqu’elle rompt avec son mari. Musique, joints, tequila et vieille bagnole: les trois compères prennent la route, sans savoir où elle les mènera. Ils en auront pour leur argent. Et nous aussi.

Après avoir tourné A Little Princess et Great Expectations, à Hollywood, Alfonso Cuarón est revenu au Mexique pour y tourner ce projet qui lui tenait à coeur depuis longtemps, écrit avec Carlos Cuarón. Les deux frères ont concocté quelque chose entre Jules et Jim et Les Valseuses, un film en roue libre qui, au-delà des frasques sexuelles du trio, nous cueille avec une émotion inattendue.

Il y a au moins deux films dans Y Tu Mamá, También: l’un, ludique et enlevant, sur l’âge des découvertes; l’autre, plus grave, plus souterrain, plus troublant, sur une fragilité qui donne son poids à chacun de nos gestes. On peut y rajouter un constat social, par l’entremise d’une narration en voix-off qui, d’informative au début, devient plus intérieure, plus nuancée, et à travers laquelle Alfonso Cuarón pose un regard critique sur ses personnages et sur son pays.

Tourné à Mexico, Puebla et Oaxaca, Y Tu Mamá, También est profondément ancré dans la réalité (les réalités?) mexicaine. De la culture populaire de l’intérieur des terres au mode de vie urbain des deux ados, l’un fils de politicien, l’autre d’origine plus modeste, en passant par la corruption des institutions, l’armée omniprésente, l’importance de la religion et de la famille, on est loin de la carte postale pour touristes.

Au Mexique, Y tu Mamá, También est devenu le plus grand succès du cinéma national, détrônant Amores Perros. L’érotisme sans détour de plusieurs scènes n’est certainement pas étranger à la popularité du film, mais ça n’explique pas tout. Gageons que ce qui a séduit autant de spectateurs mexicains, c’est de s’être reconnus dans ce portrait vigoureux et sans complaisance d’un pays incroyablement vivant, et surtout d’avoir été touchés par une chose toute bête, toute simple, et plutôt rare: une vraie sincérité.

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