Panic Room : Le placard
Cinéma

Panic Room : Le placard

Panic Room , de DAVID FINCHER, mettant en vedette JODIE FOSTER, emmure la paranoïa générale américaine à l’intérieur d’une intrigue et d’une atmosphère propres à la claustrophobie. Pris au  piège.

La sécurité est un sport national aux États-Unis. Du ministère de la Défense au simple citoyen, la paranoïa est une façon de vivre, avec la peur du vol, de l’agression et de la fraude comme principe de base. On ne compte plus les systèmes d’alarme, les coffres-forts, les gardes du corps, les antivols, les codes d’entrée, les moyens de protection en tous genres, et il existe au moins un magazine exclusivement consacré au sujet. Thriller efficace, Panic Room joue sur cette crainte du danger, d’autant plus angoissante lorsque celui-ci vient de l’intérieur, chez soi, dans sa maison.

Sortant d’un divorce houleux, Meg (Jodie Foster) et sa fille adolescente (Kristen Stewart) emménagent dans une magnifique maison de l’Upper West Side de Manhattan, où se trouve une chambre forte, imprenable et équipée pour y survivre pendant des semaines, construite par le précédent propriétaire, un milliardaire excentrique, mort depuis peu. Leur première nuit dans cette demeure immense et presque vide se passera dans la chambre forte, car trois types inquiétants (Forest Whitaker, Jared Leto et Dwight Yoakam) se sont introduits dans la maison endormie. La mère et la fille se croient à l’abri, mais ce que cherchent les voleurs se trouve dans la "panic room".

À partir de ce canevas classique, variation moderne sur le thème de la veuve et de l’orpheline en danger (le divorce ayant remplacé le veuvage…), le scénario de David Koepp (Jurassic Park) construit un suspense dont l’issue est prévisible, mais qui garde en haleine jusqu’à la toute fin. Ce n’est pas vendre la mèche que de révéler que Meg et sa fille s’en sortiront, mais elles le feront seules. L’arrivée tardive des hommes – l’ex-mari (Patrick Bauchau) et deux policiers en vadrouille – est presque accessoire. Ici, on ne peut compter que sur soi-même, dans la plus pure tradition du western, et du vigilante, citoyen ordinaire qui se fait justice lui-même, figure marquante du cinéma américain des années 70 (voir l’excellent article de James Wolcott dans le Vanity Fair d’avril). Trente ans plus tard, la violence n’est plus sociale, mais conjugale, et le justicier solitaire est une femme – voir Enough, le prochain film de Jennifer Lopez, dans lequel elle incarne une femme harcelée, qui se retourne contre son ex-mari.

Dans ce type de rôle-là, Jodie Foster est l’équivalent féminin de Harrison Ford: une femme ordinaire aux prises avec une situation extraordinaire, et qui se découvre des ressources et des nerfs d’acier. Dans Panic Room, elle est parfaite, héroïne malgré elle, sans jamais être caricaturale, et l’androgyne Kristen Stewart rappelle la toute jeune Jodie Foster de façon troublante.

Le générique est vraiment magnifique, la musique de Howard Shore aligne les violons de circonstance (depuis Psycho, on n’a rien fait de mieux…), la photo de Darius Khondji et Conrad W. Hall est sombre à souhait, et la réalisation de David Fincher (Seven, Fight Club) est impeccable, confinant toute l’action à l’intérieur de la maison, et renforçant le malaise et la claustrophobie de l’intrigue en multipliant les plans où la caméra passe à travers les murs, les trous de serrure et les barreaux de balustrade. Du beau travail.

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