Pas d’histoires! : Égaux, mais pas trop
À l’heure où la France s’apprête à élire un nouveau président, où un des enjeux majeurs de la campagne est "l’insécurité", et où, dans ce pays, on commence à se réveiller aux problèmes pourtant flagrants d’immigration et de racisme, l’union culturelle ne fait pas forcément la force, mais elle peut faire du bien.
À l’heure où la France s’apprête à élire un nouveau président, où un des enjeux majeurs de la campagne est "l’insécurité", et où, dans ce pays, on commence à se réveiller aux problèmes pourtant flagrants d’immigration et de racisme, l’union culturelle ne fait pas forcément la force, mais elle peut faire du bien. La jeune association Dire, faire contre le racisme (d.f.c.r.) et la maison de production de Bertrand Tavernier (Little bear) se sont associées pour monter la série Pas d’histoires!. Après avoir lancé un appel de scénarios de courts métrages auprès des 16-26 ans, on a confié 12 histoires à réaliser à 12 personnalités connues. Tout n’est pas égal dans 12 regards sur le racisme au quotidien, mais cela importe peu: les différences d’approche et d’analyse s’unissent aisément dans un rapport sincère au racisme, et met en évidence à quel point ce sentiment peut être aussi brutal qu’insidieux.
On retient des petites choses bien menées, comme le Mohamed, de Catherine Corsini qui, en 4 minutes 13, fait réaliser à un petit bonhomme que la couleur de sa peau est noire. La réaction enfantine est très juste dans ce film-là. L’enfance, et donc toujours l’espoir que le racisme ne se propage pas, est dénominateur commun de beaucoup de ces films: Maman, regarde, de Paul Boujenah, est mignon; Lettre à Abou, d’Émilie Deleuze, un peu confus; et dans leurs genres, Pimprenelle, de Yamina Benguigui, Relou, de Fanta Régina Nacro, et Pas d’histoire, de Philippe Lioret, assez classiques.
Pour une première réalisation, l’acteur Vincent Lindon fait par contre un bon usage de la caméra avec Cyrano. Un bonheur construit comme un château de cartes se casse en quelques secondes dans le regard honteux d’une Roxane qui ne peut imaginer que Cyrano sera laid, ou noir. Petits riens, de Xavier Durringer, Poitiers, Voiture 11, d’Yves Angelo et François Dupeyron (avec Jean-Pierre Daroussin), et surtout Le Vigneron français, de Christophe Otzenberger avec Roschdy Zem (toujours excellent) réussissent à rendre plusieurs facettes du malaise de la confrontation raciale. Dans les trois films, l’émigré est maghrébin, intelligent et bon communicateur, et on veut le balayer, le rendre non existant. Et l’hymne à la différence, en passant par le symbole même de la bourgeoisie française, le vin, est particulièrement réussie dans le film d’Otzenberger.
Alors que rien n’est moins sûr, avec ce genre d’entreprise on croit presque que le cinéma a le pouvoir de changer les opinions. Commençons par regarder le film avec des enfants, nous verrons bien…
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