Pauline et Paulette : Les Flamandes
Cinéma

Pauline et Paulette : Les Flamandes

Les réalisateurs belges sont des petits rigolos. Même quand ils font dans le terrible (C’est arrivé près de chez vous), ils réussissent à adoucir en mettant du sucre: avec eux, le road movie gambade (Le Huitième Jour); l’enfance s’allume (Toto le héros); la sexualité est colorée (Ma vie en rose), et l’agoraphobie devient sexy (Thomas est amoureux).

Les réalisateurs belges sont des petits rigolos. Même quand ils font dans le terrible (C’est arrivé près de chez vous), ils réussissent à adoucir en mettant du sucre: avec eux, le road movie gambade (Le Huitième Jour); l’enfance s’allume (Toto le héros); la sexualité est colorée (Ma vie en rose), et l’agoraphobie devient sexy (Thomas est amoureux). Dernier exemple de quelque chose qui aurait pu tourner facilement en eau de boudin et qui se prend comme une eau pétillante: Pauline et Paulette, premier long métrage de Lieven Debrauwer, un jeune réalisateur aimé de Cannes. Léonie avait reçu le prix du meilleur court métrage à Cannes en 1997, et l’année dernière, Pauline et Paulette est reparti avec le prix du jury oecuménique.

Et puis, avec des prénoms pareils, faut faire dans le sympa… Pauline a 66 ans, mais, handicapée mentale, elle vit avec sa soeur aînée Martha, dans un petit village flamand. Martha meurt et Pauline se trouve ballottée entre deux autres soeurs: Cécile, qui habite Bruxelles et qui n’a pas que ça à faire, et Paulette, l’idole de Pauline, chanteuse d’opérettes locales qui trône derrière le comptoir de sa mercerie. Dora Van Der Groen (Pauline) et Ann Petersen (Paulette) sont des figures culturelles importantes en pays flamand; et même sans les connaître, la qualité de jeu et l’aisance, venant d’une longue feuille de route, est à saluer: l’une dans le dur rôle de la composition totale ne doit pas en faire trop (son regard espiègle est merveilleux), et l’autre, entre nuance et retenue, doit livrer tension et générosité en dose égale. Elles sont parfaitement ancrées dans le réel de leur histoire, comme peuvent l’être les acteurs britanniques.

Mais ce n’est pas un film qui tord le coeur et où l’on verse une larme. Pauline et Paulette a cette approche candide et franche, non dénuée d’humour, qui caractérise les films belges récents. La vie n’est pas drôle, mais on sait s’y aventurer en équilibriste, clairement et légèrement. Et les défauts sont exposés, mais sans méchanceté. Pauline est emmerdante; les deux soeurs ont l’égoïsme bien chevillé au corps; et les habitants du village n’existent que pour les commérages. Debrauwer flirte avec le conte (les deux méchantes soeurs contre la gentille et l’environnement Barbara Cartland, exagérément rose et kitsch de Paulette), mais il réussit à nous emmener dans ce monde aigre-doux avec finesse. Bien sûr, l’intrigue est mince et prévisible, et le réalisateur n’évite pas les tranchées déjà empruntées par les Jaco Van Dormael et Alain Berliner. Reste que le pari était osé: rendre intéressante une minuscule chronique nordique, qui se termine dans le gris au bord de la mer du Nord, avec uniquement des héroïnes sexagénaires. On pense à Nationale 7, où même avec des cas lourds et pénibles, on parvient à nous faire comprendre qu’il vaut mieux prendre la vie avec un grain de sel. Voilà simplement un film délicat, qui essaie de mettre en évidence ce qui est important dans la vie. Ce n’est déjà pas si mal…

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