Raymond Klibansky – De la philosophie à la vie : Vie de sage

Architecte de formation, la réalisatrice Anne-Marie Tougas (L’Envolée, Rome/Québec, court métrage sur l’architecte et artiste Pierre Thibault), qui oeuvre dans le domaine du cinéma et de la télévision depuis 1982, se passionne pour les grands thèmes universels et les valeurs humaines profondes. Dans son premier moyen métrage documentaire, elle nous convie à rencontrer un homme exceptionnel qui l’a révélée à elle-même: le philosophe et humaniste Raymond Klibansky.

Né à Paris en 1905, Klibansky fréquente très tôt les grands esprits du siècle tels Erwin Panofsky et Albert Einstein. Après ses études aux universités de Heidelberg, de Kiel et de Hambourg, il ne tarde pas à s’imposer comme historien des idées et philosophe à l’échelle internationale. Dans les années 30, il dénonce et combat le nazisme, puis aide sa famille à fuir l’Allemagne pour l’Italie; lui-même en danger, il s’exile en Angleterre et joint les Services secrets britanniques. En 1946, il s’installe à Montréal où il deviendra, entre autres, professeur à l’Université McGill. Philosophe d’action, Klibansky luttera toute sa vie contre les idéologies les plus "crispées" du 20e siècle, comme le souligne son ami et philosophe Georges Leroux, car il a toujours cru que l’Homme transcende tous les idéaux s’opposant à la liberté et à la tolérance.

Sous la forme d’un parcours initiatique, dont les belles images sont signées Marc Gadoury et James Gray, Anne-Marie Tougas visite chronologiquement les institutions fréquentées par Klibansky et consulte les livres des grands philosophes qui lui ont nourri l’esprit. La silhouette frêle et élégante, l’homme de sagesse, qui a toujours le regard perçant de sa jeunesse, se livre avec simplicité et générosité. Avant de le rejoindre dans les rues de Montréal, la cinéaste lui manifestera toute son admiration dans un texte à la fois intime et respectueux. Outre les propos de Leroux, les témoignages d’Ethel Groffier, la femme de Klibansky, de Nicholas Mann du Warburg Institute de Londres et du père Benoit Lacroix apportent des éclaircissements pertinents quant à la nature du travail du penseur, qui a peu écrit sur sa propre philosophie, préférant la vivre.

Prix Téléfilm Canada pour la meilleure oeuvre canadienne lors du dernier FIFA, Raymond Klibansky – De la philosophie à la vie, d’Anne-Marie Tougas, s’avère une très belle occasion de faire connaissance avec un grand homme, trop peu connu dans son pays d’adoption.

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