Richard Jutras : Nouveaux visages
Cinéma

Richard Jutras : Nouveaux visages

Richard Jutras n’est pas un nouveau venu, mais il a le feu sacré des débutants, d’autant plus que 2001 a été une année charnière, marquée par une collaboration avec Robert Morin, sur Opération Cobra; la réalisation d’un excellent essai documentaire sur le cinéma québécois, Les Conteurs de vues animées, et de trois courts métrages: Hit and Run, Pawn Shop et Flagrant délit.

Richard Jutras

n’est pas un nouveau venu, mais il a le feu sacré des débutants, d’autant plus que 2001 a été une année charnière, marquée par une collaboration avec Robert Morin, sur Opération Cobra; la réalisation d’un excellent essai documentaire sur le cinéma québécois, Les Conteurs de vues animées, et de trois courts métrages: Hit and Run, Pawn Shop et Flagrant délit. Dans cette abondante production, on retrouve les préoccupations sociales et formelles mais aussi le goût de l’histoire qui ont marqué le parcours de ce fils d’ouvrier qui rêvait d’être joueur de hockey, qui a étudié la guitare classique, et découvert le cinéma sur le tard, en voyant L’Homme à la caméra, de Vertov.

Pourquoi une telle frénésie cette année? "Ma dernière fiction, c’était Kid Kodak, en 91, et j’ai traîné un projet de long métrage pendant cinq ans. Pendant ce temps-là, j’ai travaillé sur des séries comme Omniscience, mais aussi des trucs plus personnels, comme Musiques pour un siècle sourd, sur la musique contemporaine québécoise, et Le Grand Nordla quête; mais là, il fallait que je tourne, coûte que coûte, quelque chose de plus créatif."

Un nouveau départ, donc, pour cet autodidacte formé sur le terrain, au Vidéographe et à la Coop Vidéo, et qui, dans ses trois plus récents courts métrages, montre un sens remarquable du récit, de l’efficacité et de l’humour noir. Un style plus populaire pour un cinéaste toujours intéressé par le social, mais qui élargit sa palette. "Quand une salle rit à l’endroit où tu voulais que ce soit drôle, et qu’elle applaudit à la fin, c’est très gratifiant. Depuis quatre ans, j’ai refusé de travailler sur des séries télé. J’y ai appris beaucoup de choses, mais il y a un danger de tomber dans un pattern. C’est pour ça que j’ai eu besoin de tourner des affaires plus personnelles. Ce qui m’a nourri, au départ, c’était des films comme Le Chat dans le sac. C’est encore ce cinéma-là que j’ai en tête: un cinéma ancré dans sa société, et qui soulève des questions d’ordre éthique ou politique, comme L’Emploi du temps."

Avec un long métrage de fiction en écriture (un thriller psychologique sur un petit garçon de milieu ouvrier adopté par une famille bourgeoise) et une insatisfaction chronique qui le pousse en avant, Richard Jutras est bien placé pour nous surprendre.