Une hirondelle a fait le printemps : Saisons nouvelles
Joli. C’est un mot qui n’est plus très populaire, mais qui sied à merveille à Une hirondelle a fait le printemps, de Christian Carion, un joli premier film, qui ne tombe jamais dans la joliesse; une chronique rurale qui ne fait ni dans le folklore ni dans le drame paysan.
Joli. C’est un mot qui n’est plus très populaire, mais qui sied à merveille à Une hirondelle a fait le printemps, de Christian Carion, un joli premier film, qui ne tombe jamais dans la joliesse; une chronique rurale qui ne fait ni dans le folklore ni dans le drame paysan.
Au tournant de la trentaine, Sabine (Mathilde Seigner), une Parisienne informaticienne, plaque tout pour devenir agricultrice. Après un an de formation, elle achète une ferme isolée dans le Vercors, et s’installe en cohabitation forcée avec l’ancien propriétaire, Adrien (Michel Serrault), veuf bourru, encore là pour un an et demi. Alors que la citadine recyclée s’occupe des chèvres, tout en transformant l’étable en gîte rural, le vieil ours mal léché bougonne. Ô surprise, les deux solitaires tenteront un rapprochement, et l’hiver rude des hauts plateaux fera craquer le vernis de cette paire de têtes dures.
À l’instar de Peau neuve, dans lequel un testeur de jeux vidéo parisien devient opérateur de grues en province, Une hirondelle a fait le printemps s’inscrit dans une tendance décentralisatrice du cinéma français, loin du parisianisme ambiant. Heureusement, le scénario de Christian Carion et Éric Assous ne verse pas dans l’apologie à tout prix du retour à la terre, et s’attache aux personnages, sans en faire des symboles. Si les quatre saisons rythment la vie des protagonistes, elles marquent également le déroulement de ce film qui, après un démarrage elliptique à souhait, prend son temps, et épouse au plus près le parcours de son héroïne.
Cela donne une oeuvre attachante, une comédie douce-amère qui coule de source, malgré quelques invraisemblances: en effet, il est difficile de croire que cette jeune femme mène de front, et seule, un élevage de chèvres et un gîte du passant; et les relations avec les paysans du coin sont totalement évacuées. Le cinéaste se concentre sur ses deux acteurs, et ils le lui rendent bien. Terrienne à souhait, avec une autorité naturelle et une sensibilité fine, Mathilde Seigner est impeccable en Manon des sources du 21e siècle; et Michel Serrault, a priori prévisible en vieil ours fantasque et bourru, est touchant de sobriété. Malgré une finale un peu précipitée, Une hirondelle a fait le printemps est un beau petit film, honnête et touchant. Joli, quoi!
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