Crazy : Les copains d'abord
Cinéma

Crazy : Les copains d’abord

À cause de ses piètres résultats en mathématiques, Benni (l’émouvant Robert Stadlober, meilleur interprète masculin au dernier FFMM pour Engel & Joe) se voit contraint par ses parents, un couple à la veille d’éclater, d’entrer au pensionnat afin de passer son bac. Ayant changé d’école pour la cinquième fois d’affilée, l’adolescent hémiplégique de 16 ans vit de nouveau l’angoisse d’être rejeté par ses pairs.

À cause de ses piètres résultats en mathématiques, Benni (l’émouvant Robert Stadlober, meilleur interprète masculin au dernier FFMM pour Engel & Joe) se voit contraint par ses parents, un couple à la veille d’éclater, d’entrer au pensionnat afin de passer son bac. Ayant changé d’école pour la cinquième fois d’affilée, l’adolescent hémiplégique de 16 ans vit de nouveau l’angoisse d’être rejeté par ses pairs. Mais Benni, qui se sert de son handicap pour justifier certains échecs, supplie donc le cynique Janosch (Tom Schilling, solide), avec qui il partage sa chambre, de le traiter comme les autres pensionnaires. Bientôt, il négligera l’algèbre au profit des virées avec ses nouveaux copains et s’éprendra de Malen (Oona Devi Liebich, naturelle) que convoitait déjà Janosch.

Il n’est pas facile d’illustrer l’adolescence sans sombrer dans les clichés et le ridicule dont nous inonde le cinéma (comprendre American Pie et autres semblables). Ce que le réalisateur allemand Hans-Christian Schmid transcende avec brio. On retrouve pourtant dans Crazy les types habituels, tels le grassouillet, le maigrichon, le timide, la charmante fille, la fille délurée, etc. Mais les jeunes dépeints par Schmid sont criants de vérité tant ils dépassent le cadre dans lequel ils semblent d’abord cantonnés. Pas étonnant alors de découvrir que Crazy est l’adaptation d’un roman autobiographie d’un auteur de 17 ans, Benjamin Lebert, que la critique allemande a entre autres comparé à Musil (Les Désarrois de l’élève Törless). Publié en 1999 et traduit en 25 langues, ce best-seller a conquis Schmid qui a tôt fait d’en tirer un long métrage avec son collaborateur Michael Gutman, le coscénariste de ses deux précédents films (23 et It’s a Jungle Out There). C’est toutefois sur le plan de l’intrigue que réside la faiblesse de Crazy. Quoique vraisemblable, le récit, plutôt ténu, s’essouffle rapidement et les enjeux dramatiques cèdent trop souvent la place aux jeux puérils des garçons. Outre deux scènes fantaisistes où une pin up de magazine prend vie et où les désordres amoureux de la petite bande se présentent sous la forme d’un roman-photo, la grande sobriété de la mise en scène, rappelant que Schmid est aussi documentariste, et l’impeccable direction d’acteurs donnent à Crazy toute sa force. Il en résulte alors un regard juste et respectueux sur l’adolescence. À voir dans le cadre de Découvertes allemandes.

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