Tony Gatlif : Vengo
Cinéma

Tony Gatlif : Vengo

Ah, qu’il y a des films qu’on aimerait aimer! Vengo est de ceux-là parce qu’on garde encore en mémoire le choc de Latcho Drom, film inclassable dans lequel Tony Gatlif retraçait superbement l’histoire, la culture et la musique gitanes, de l’Inde millénaire à l’Andalousie d’aujourd’hui. Dix plus tard, après avoir séduit de nouveau avec Gadjo Dilo, Tony Gatlif replonge dans l’âme gitane avec Vengo, une histoire de vengeance bâtie comme une tragédie antique, mais qui est loin de tenir ses  promesses.

Ah, qu’il y a des films qu’on aimerait aimer! Vengo est de ceux-là parce qu’on garde encore en mémoire le choc de Latcho Drom, film inclassable dans lequel Tony Gatlif retraçait superbement l’histoire, la culture et la musique gitanes, de l’Inde millénaire à l’Andalousie d’aujourd’hui. Dix plus tard, après avoir séduit de nouveau avec Gadjo Dilo, Tony Gatlif replonge dans l’âme gitane avec Vengo, une histoire de vengeance bâtie comme une tragédie antique, mais qui est loin de tenir ses promesses.

Dans un village andalou, où des veuves cueillant des olives côtoient des gardes du corps branchés sur leurs cellulaires, Caco (Antonio Canales) pleure la mort de sa fille et protège son neveu Diego (Orestes Villasan Rodriguez), attachant jeune homme atteint de paralysie cérébrale. En effet, le clan Caravacas crie vengeance, parce que le frère de Caco, en cavale au Maroc, a tué un des leurs. Au fil de fêtes gitanes bien arrosées, d’intimidations et de feintes rythmées par les cris des chanteurs, les soubresauts des danseuses et le crépitement des guitares, le drame se dénouera dans le sang.

Ici, comme dans les autres films de Gatlif, le chant et la danse ne sont jamais décoratifs: ils constituent le coeur du film, son esprit, sa respiration, sa raison d’être. Pour qui apprécie ce mélange de sophistication et de sauvagerie, les séquences musicales sont admirables, loin de la stylisation esthétique d’un Carlos Saura. Ici, on est au coeur du flamenco, musique de sang, de sueur et de pleurs, à côté de laquelle Janis Joplin a l’air d’une bienheureuse. Hormis la séquence finale, d’un symbolisme poignant, et une autre, ironique, dans laquelle un dur à cuire a des problèmes de cellulaire, deux scènes sont admirables: celle où un chanteur soufi (Sheikh Ahmad al Tuni) se mêle à des musiciens gitans; et celle où La Caita, vibrante chanteuse de flamenco, unit dans son chant fêtards avinés et soldats en goguette.

Le principal problème de ce film écrit et mis en musique par Gatlif (César de la meilleure trame sonore), c’est que l’aspect musical est si fort que tout le reste paraît bien pâle, et l’on se désintéresse très vite de cette intrigue convenue, à mi-chemin entre la tragédie grecque et Le Parrain. Les mélomanes seront ravis, les autres resteront sur leur faim.

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