Unfaithful : La traîtresse
Cinéma

Unfaithful : La traîtresse

Dans un pays où le président déclare publiquement que la chasteté est le meilleur moyen de combattre les MTS et les grossesses indésirées, il ne faut pas s’étonner de voir naître un film comme Unfaithful. Énième variation yankee sur l’adultère puni, le dernier "thriller érotique" d’Adrian Lyne est aussi imprévisible que le regard d’épagneul de Richard Gere et aussi excitant qu’une publicité pour assouplisseur textile.

Dans un pays où le président déclare publiquement que la chasteté est le meilleur moyen de combattre les MTS et les grossesses indésirées, il ne faut pas s’étonner de voir naître un film comme Unfaithful. Énième variation yankee sur l’adultère puni, le dernier "thriller érotique" d’Adrian Lyne est aussi imprévisible que le regard d’épagneul de Richard Gere et aussi excitant qu’une publicité pour assouplisseur textile.

Après 9-1/2 Weeks, Fatal Attraction et Indecent Proposal, Adrian Lyne y va d’une autre petite fable bien-pensante, dans laquelle il titille le yuppie, sans jamais rien troubler d’autre que la surface de son récit. L’histoire est simple: Monsieur (Richard Gere) et Madame (Diane Lane) vivent dans une banlieue cossue de New York, avec leur fils de huit ans, leur chien adorable et une complicité de chaque instant. Tout baigne. C’est alors que Madame tombe littéralement dans les bras d’un jeune French lover (Olivier Martinez) habitant, bien sûr, un loft somptueux de Soho, entouré de livres et vivant de l’air du temps. Pourquoi pas? Après tout, le cinéma, c’est aussi fait pour rêver. Jusque-là, c’est plutôt bien mené: Diane Lane est excellente en épouse pas si comblée que ça, qui se retrouve en plein roman Harlequin, et Olivier Martinez a tout ce qu’il faut pour jouer la pitoune camembert de service.

Là où ça se gâte, c’est quand la morale s’en mêle, que Madame a des remords, mais son sexe pas du tout; et que Monsieur comprend pourquoi sa femme a renouvelé toute sa lingerie fine. On tombe alors en plein boulevard, on saute dans le judéo-chrétien à pieds joints, et on finit comme un épisode de Columbo. Écrit par deux grosses pointures, Alvin Sargent (Julia, Ordinary People) et William Broyles Jr. (Apollo 13), le scénario d’Unfaithful s’inspire de La Femme infidèle, réalisé en 1969, dans lequel Chabrol filmait l’adultère avec la froideur amusée d’un entomologiste. Avec Adrian Lyne, on ne s’amuse pas, l’aventure extraconjugale étant, c’est bien connu, la pire des calamités, et on cherche en vain un regard, une vision, un angle sur cette histoire banale.

Quinze ans plus tard, le cinéaste veut nous refaire le coup de Fatal Attraction: désolé, mais on a déjà donné, d’autant plus que Glenn Close, et son génial numéro de grand-guignol, ne sont plus au rendez-vous.

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