Baran : Les exilés
Cinéma

Baran : Les exilés

Réalisateur chéri du Festival des Films du Monde de Montréal, Majid Majidi (La Couleur du paradis, Les Enfants du ciel) rend compte de la difficile situation sociale des Iraniens au moyen d’histoires simples et  charmantes.

Réalisateur chéri du Festival des Films du Monde de Montréal, Majid Majidi (La Couleur du paradis, Les Enfants du ciel) rend compte de la difficile situation sociale des Iraniens au moyen d’histoires simples et charmantes. Grâce à un magnifique traitement visuel et une approche poétique mettant en scène des enfants, il atteint de rares sommets d’émotion. Tout comme l’avait fait Abbas Kiarostami avec Le Goût de la cerise, Majidi évoque cette fois les multiples visages de l’Iran par le biais de ses émigrés. Dans Baran, le cinéaste iranien illustre, par une mise en scène plus symboliste que réaliste, le triste sort des Afghans, qui, depuis 1989, année du retrait des troupes soviétiques après 10 ans d’occupation, sont près de un million et demi à s’être exilés en Iran.

Travaillant sur un chantier de construction, le belliqueux Lateef (Hossein Abedimi) n’accepte pas que le contremaître Memar (Mohammad Amir Naji) lui retire ses fonctions de cuisinier au profit de Rahmat (Zahra Bahrami), un jeune Afghan. Sous la tutelle de Soltan (Hossein Mahjoub Abbas Rahimi), ce dernier est venu remplacer son père qui s’est blessé au travail. Victime des plaisanteries humiliantes de Lateef, le garçon accepte dignement son sort. L’attitude de Lateef change lorsqu’il découvre que le frêle adolescent est une jolie jeune fille prénommée Baran. Dès lors, Lateef se fait le bienfaiteur de la famille de l’adolescente, sans toutefois pouvoir lui avouer sa passion.

Histoire d’amour dépeinte en toute pudeur – comme en témoigne cette superbe scène en ombres chinoises où Lateef surprend Baran coiffant ses cheveux – et fable sur l’altruisme, Baran séduit d’abord par son lyrisme envoûtant. Trônant au coeur de Téhéran, un édifice en construction traduit l’aliénante situation des travailleurs au noir afghans. Chargés comme des mules, ils montent et descendent les nombreux escaliers du chantier de construction qui ressemble à une forteresse en ruine. Dès que s’y pointent les inspecteurs, ils fuient afin d’éviter la déportation. De retour sur le chantier, ils répéteront inlassablement les mêmes gestes sans protester.

Rien ne laisse présager que tout cela prendra fin. Bien qu’il nous emporte par son souffle poétique, Majidi sait aussi nous ramener à la réalité par des images fortes, telle cette burqa qui tombe comme un couperet sur le visage innocent de la jeune fille. Un pur ravissement.

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