Rare Birds
Les oiseaux rares ne font pas forcément de bons films. Terre-Neuve et la splendeur de ses paysages se voient bien mal desservies récemment: après le quotidien morne de The Shipping News, voici celui compliqué pour rien de Rare Birds, film canadien de Sturla Gunnarsson. On y parle d’un cuisinier amoureux, d’un faux canard, de drogue, de lampes hallucinantes, et d’un sous-marin de poche… Ça commence bien pourtant: l’installation du récit se fait dans un petit matin difficile, il y a de l’ambiance; mais ça se dégrade rapidement, car ce n’est pas évident de faire entrer autant de bizarreries dans une même histoire, et ça coince souvent aux entournures. Surtout que William Hurt, de plus en plus fatigué dans son jeu depuis Smoke, devient vite très agaçant avec cet air d’atterrir de la lune à chaque seconde. Quand aucun des personnages, même l’équipe tactique de la GRC, n’est crédible, il y a problème. Voir calendrier, cinéma exclusivités.
Alain, artiste-démolisseur et Les Chercheurs d’or
Nous sommes, plus que jamais, dans l’ère des glaneurs. Ils sont les rois de la société de consommation, au-dessus de nos dépendances obsessionnelles, parce qu’ils sont libres. Deux films québécois le prouvent. Le sujet est simple et sympathique, mais il faut trouver la tournure et les personnages pour saisir l’élan et parler de philosophie. Manon Barbeau (Les Enfants du Refus global, L’Armée des ombres) a ce talent quand elle filme Alain, artiste-démolisseur. Un très court film, de 26 minutes, dont on en n’enlèverait aucune. Alain Dubreuil, Québécois à Vancouver depuis 20 ans, nous fait visiter son univers: dans une usine désaffectée sur les bords de l’eau, il a fait son nid; une maison si incroyablement belle, romantique, magique, et avec un caractère si étonnant, que les équipes de cinéma s’en servent souvent comme décor. Le gars est un rêveur génial, ses idées (un jardin géant!) et son talent de recycleur sont d’une réelle ingéniosité. Rarissime. Le type est créatif et libre comme l’air: on appelle ça un énergumène. Le film est une petite poésie nécessaire.
Plus terre à terre, mais aussi poétique est le premier long métrage documentaire de Bruno Baillargeon, Les Chercheurs d’or. On suit un peuple de nuit, un peuple patient, qui se soucie de nos déchets. Scrapeurs, recycleurs, guenilloux: ils redonnent vie à ce qu’on ne veut plus. Comme dans le film d’Agnès Varda, on ne peut qu’admirer ceux et celles qui travaillent de façon acharnée pour ramasser, et réparer nos rebus. Il y a une certaine conquête sur la société, la logique de ne pas vouloir se faire engloutir sans réfléchir. Leur curiosité insatiable et leur liberté sont enviables. Du 17 au 28 mai, à Ex-Centris.
Les courts métrages à Ex-Centris
Mini-programmation pour mini-films: quatre films de 2001 seront présentés au Parallèle durant une semaine. Quel jour était-ce?, de Lyne Charlebois, sur trois histoires d’amour en trois journées importantes; 42 DD, de Louise Mignault, sur les soucis que peut causer une poitrine de taille; Pawn Shop, de Richard Jutras, court sur un prêteur sur gage, et Bijou de famille, de Martin Talbot, la petite histoire d’une mort pas si ordinaire. Une programmation sympa de Cinéma Libre. Du 17 au 23 mai, à Ex-Centris.