Star Wars: Episode II – Attack of the Clones : Étoiles filantes
Cinéma

Star Wars: Episode II – Attack of the Clones : Étoiles filantes

GEORGE LUCAS n’est pas un metteur en scène. Il l’a peut-être été, à l’époque de THX 1138, d’American Graffiti et de Star Wars, mais, 30 ans plus tard, le plus riche des producteurs indépendants est un quinquagénaire qui s’amuse avec ses joujoux, et Attack of the Clones est le plus sophistiqué des jouets de luxe.

Pour ceux et celles qui auraient passé les derniers mois en haute mer, rappelons qu’Attack of the Clones est le second épisode de la deuxième trilogie Star Wars, qui retrace la genèse de la saga. En 1999, 17 ans après la première série, The Phantom Menace avait déçu les fans, avec ses personnages drabes, et son héros de neuf ans. Ce qui n’avait pas empêché le film de rapporter plus de 600 millions de dollars à Papa George. Les poches bien remplies, celui-ci a donc pu concocter la suite des aventures d’Anakin Skywalker (Hayden Christensen), apprenti Jedi qui, sous les ordres d’Obi-Wan Kenobi (Ewan McGregor), doit protéger Amidala (Nathalie Portman). Les deux jeunots vivront un amour impossible, se roulant dans l’herbe fraîche et se dévorant du regard devant un feu de foyer; l’enquête d’Obi-Wan mènera celui-ci sur une planète inconnue, où une armée de clones est fabriquée par des androïdes anorexiques; et Yoda viendra faire un impressionnant tour de piste, mi-bonze zen, mi-Zorro virevoltant. N’en disons pas plus: d’une part, pour éviter les représailles de "starwarsophiles" outrés et, d’autre part, pour ne pas s’égarer dans les dédales d’une histoire incroyablement tortueuse.

En effet, à moins de pouvoir réciter, en ordre alphabétique, tous les noms des personnages de la série, le spectateur moyen passera un bon bout de temps à démêler les fils du scénario de Lucas et de Jonathan Hales (The Scorpion King). Avec un seul volet pour conclure la trilogie, on sent, surtout dans la deuxième partie, que les scénaristes nous bombardent d’informations, de noms étranges et de lieux tout aussi exotiques. Cela dit, George Lucas se soucie du déroulement de l’histoire et des dialogues comme de sa première caméra. Tourné dans les studios australiens où fut réalisé Moulin Rouge!, Attack of the Clones partage, avec le film de Luhrmann, une fascination pour l’image, au détriment de tout le reste. Dire que les personnages d’Attack of the Clones sont mieux développés que ceux de The Phantom Menace ne veut pas dire grand-chose: les acteurs sont, ici, tout aussi mauvais que dans l’épisode précédent (particulièrement le petit nouveau), et les dialogues sont, au mieux, informatifs, entre deux scènes d’action et, au pire, ridicules, dans les scènes d’amour ("J’aime pas le sable, ça rentre partout!", citation historique du futur Darth Vader).

Visiblement, Lucas s’en fout. Ce qui l’intéresse, ce sont les créatures, les gadgets et les visions rétro-futuristes de mégapoles constamment baignées des lueurs d’un improbable soleil couchant. Sur ce plan-là, on en a pour notre argent, des images de David Tattersall aux décors de Gavin Bocquet, en passant par les costumes de Trisha Biggar, tous trois déjà présents dans l’épisode précédent. Sans compter les trois morceaux de résistance: un au début (poursuite dans Coruscant, à côté de laquelle la cité du Cinquième Élément a l’air d’un hameau déserté), un au milieu (chasse à l’homme dans un champ de météorites) et un à la fin (bataille rangée dans une arène).

Ajoutez-y un semblant de message politique sur la démocratie, des effets spéciaux si nombreux qu’on ne les voit plus et des méchants aux noms évoquant autant le dinosaure que le groupe death métal (Darth Tyranus et Darth Sidious), et vous obtenez un joujou de 120 millions de dollars, destiné à un public pré-pubère, et dont les recettes permettront la réalisation du troisième et dernier volet. Ainsi soit-il!

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