Betelnut Beauty : Lèche-vitrine
Cinéma

Betelnut Beauty : Lèche-vitrine

Pour rester éveillés, bon nombre d’ouvriers et de chauffeurs de taxi asiatiques chiquent du bétel. Cette concoction associée aux stupéfiants se compose d’une feuille de bétel enduite de chaux blanche ou rouge et ensuite roulée sur des morceaux de noix d’arec. Très populaire à Taipei, le bétel est vendu par des jeunes filles aux tenues provocantes, les "betelnut beauties", dans des stands vitrés le long des rues  passantes.

Pour rester éveillés, bon nombre d’ouvriers et de chauffeurs de taxi asiatiques chiquent du bétel. Cette concoction associée aux stupéfiants se compose d’une feuille de bétel enduite de chaux blanche ou rouge et ensuite roulée sur des morceaux de noix d’arec. Très populaire à Taipei, le bétel est vendu par des jeunes filles aux tenues provocantes, les "betelnut beauties", dans des stands vitrés le long des rues passantes. Ayant flairé ce marché florissant, la mafia est de plus en plus présente dans cet univers que l’on relie aisément à la prostitution.

C’est dans ce monde peuplé d’adolescentes en difficulté et de petits malfrats en mal de pouvoir qu’évoluera la très jolie Fei-Fei (l’expressive Sin Je, pop-star taiwanaise). S’étant enfuie de chez son envahissante mère et ne pouvant aller vivre chez son père à cause de la maîtresse de celui-ci, Fei-Fei n’hésite pas à devenir une betelnut beauty. Devant sa cabine, l’adolescente retrouve avec plaisir Feng (convaincant Chang Chen, le ténébreux brigand de Tigre et Dragon) qu’elle avait croisé peu de temps avant lors d’un jour d’orage – comment ne pas songer au magnifique In the Mood for Love lorsque la caméra valse autour de ce jeune couple en devenir qui frémit sous la pluie? Pâtissier peu passionné par son métier, Feng aura la mauvaise idée de frayer avec les amis de Fei-Fei qui comptent arnaquer un truand plutôt violent.

Cinquième long métrage de Lin Cheng-Sheng, Betelnut Beauty est le deuxième volet d’une série de six films intitulée Contes de la Chine moderne (le premier était Beijing Bicycle de Wang Xiaoshuai). Alors que Xiaoshuai traduisait avec sensibilité et justesse le drame d’une jeunesse sans idéologie, Cheng-Sheng se complaît si bien à exploiter la beauté de ses acteurs qu’il en néglige son objectif premier, lequel était d’illustrer l’énergie des jeunes Taiwanais prisonniers d’une société de plus en plus dangereuse. À l’instar du très léché et très zen À la verticale de l’été, l’esthétique de Betelnut Beauty l’emporte trop souvent sur la substance, sans toutefois négliger l’émotion. Avec ses personnages à peine esquissés et ses intrigues peu crédibles, Betelnut Beauty s’avère donc un joli clip sur les amours adolescentes qui comporte de très beaux moments. Comme cette lente balade nocturne en moto dans les rues de Taipei. Plastique.

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