The Importance of Being Earnest : Jeux de mots
Cinéma

The Importance of Being Earnest : Jeux de mots

Le 14 février 1895, la création de The Importance of Being Earnest connut un succès retentissant. Trois mois plus tard, Oscar Wilde était en prison, où il resta deux ans, pour avoir entretenu publiquement une liaison avec le fils d’un lord  londonien.

Le 14 février 1895, la création de The Importance of Being Earnest connut un succès retentissant. Trois mois plus tard, Oscar Wilde était en prison, où il resta deux ans, pour avoir entretenu publiquement une liaison avec le fils d’un lord londonien. Cinq ans plus tard, l’auteur du Portrait de Dorian Gray et du Fantôme des Canterville mourut, avec le siècle naissant. Seulement huit ans après le décès de l’écrivain, le cinéma s’emparait déjà de son univers, avec une version muette de Salomé, et l’on a vu depuis d’innombrables adaptations de ses oeuvres, sans oublier Wilde, un excellent film biographique, en 1997.

L’une des plus célèbres de ces adaptations est The Importance of Being Earnest, d’Anthony Asquith, réalisé en 1952. Un demi-siècle plus tard, Oliver Parker nous livre sa version, trois ans après An Ideal Husband, délicieuse comédie de moeurs où il combinait brillamment la drôlerie, l’efficacité et l’esprit mordant des dialogues de Wilde avec une réelle émotion. À première vue, De l’importance d’être constant (rebaptisé au Québec Ernest ou l’importance d’être constant – on se demande vraiment pourquoi…) est dans le prolongement du film précédent. Même source d’inspiration, même scénariste-réalisateur, producteur, monteur et compositeur identiques, et Rupert Everett peaufinant, une fois de plus, son personnage de dandy manipulateur, pris à son propre piège. Mais cette fois-ci, les mêmes ingrédients ne prennent pas vraiment, et le résultat, bien qu’agréable, n’est pas à la hauteur de son prédécesseur.

Menant une vie tranquille, à la campagne, avec sa jeune nièce (Reese Witherspoon) dont il a la tutelle, Jack (Colin Firth) fait des escapades à Londres sous le nom d’Ernest, en compagnie d’un dandy de bonne famille, Algy (Rupert Everett). Amoureux de la cousine de celui-ci, Gwendolen (Frances O’Connor), il la demande en mariage, mais ses origines douteuses provoquent le refus de la tante de la jeune fille (Judi Dench). Piqué au vif, Algy s’invite au manoir campagnard de Jack, et séduit sa nièce en se faisant passer pour le fameux Ernest. Sur ces entrefaites, Jack rentre chez lui, tente de renvoyer son faux frère, Gwendolen arrive en voiture, bientôt suivie par sa tante qui débarque à l’improviste, tandis que la vieille gouvernante de la maison (Anna Massey), secrètement amoureuse du pasteur de l’endroit (Tom Wilkinson), révèle un secret qui changera la vie de tout le monde.

La principale qualité de The Importance of Being Earnest, c’est la qualité des dialogues qui, plus d’un siècle après avoir été écrits, n’ont rien perdu de leur vivacité, de leur élégance, de leur pertinence – en espérant qu’elles ne seront pas perdues dans la version française. Les jeux de séduction entre les hommes et les femmes, le vernis social et les paradoxes intimes, l’importance des apparences et la recherche du bonheur: un siècle plus tard, Oscar Wilde est toujours un formidable moraliste, un Woody Allen de l’ère victorienne. Les acteurs sont tous excellents mais, cette fois-ci, Oliver Parker s’enfarge dans les fleurs du tapis, et n’atteint pas la fluidité et la sensibilité qu’il affichait dans An Ideal Husband. On s’y amuse, mais sans plus.

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