Suspicious River : Eau morte
Cinéma

Suspicious River : Eau morte

Coincé au pied d’une montagne grise, Suspicious River est un de ces villages qui font l’Amérique profonde, traversés par des voyageurs de commerce qui ne s’y arrêtent que rarement. Leila (Molly Parker) y est née, y a toujours vécu, et joue à la réceptionniste dans un motel où elle se vend à qui veut bien. Séduite par un de ses clients de passage (Callum Keith Rennie), elle reprend espoir, et pense pouvoir échapper à la grisaille ambiante, à son mari gentil et fade (Joel Bissonnette), et à sa vie qui ne mène nulle part. La réalité la rattrapera très  vite.

Coincé au pied d’une montagne grise, Suspicious River est un de ces villages qui font l’Amérique profonde, traversés par des voyageurs de commerce qui ne s’y arrêtent que rarement. Leila (Molly Parker) y est née, y a toujours vécu, et joue à la réceptionniste dans un motel où elle se vend à qui veut bien. Séduite par un de ses clients de passage (Callum Keith Rennie), elle reprend espoir, et pense pouvoir échapper à la grisaille ambiante, à son mari gentil et fade (Joel Bissonnette), et à sa vie qui ne mène nulle part. La réalité la rattrapera très vite.

Second film de Lynne Stopkewich, qui avait attiré l’attention avec Kissed, dans lequel Molly Parker incarnait une nécrophile, Suspicious River est marqué de façon indélébile au sceau du "canadian cinema". Dans cette histoire en cul-de-sac, située au États-Unis, et dont le personnage principal, complètement déconnecté, se cherche une identité et un avenir, tout évoque la neurasthénie d’un certain cinéma d’auteur canadien. L’image est bleu-gris, l’herbe jaune, les arbres bruns; il pleut constamment, et tout le monde semble attendre un miracle qui ne viendra jamais. Le spectateur également.

Adapté d’un livre de Laura Kasischke, le scénario de Suspicious River souffre cruellement d’un manque de vision cinématographique, transposant la voix intérieure de Leila par un symbolisme pesant (les cygnes qui s’envolent), et l’intrigue parallèle d’une petite fille (Mary Kate Welsh), prise entre ses parents qui se tapent dessus. On comprend vite que cette gamine solitaire représente l’enfance troublée de Leila, sans que ça amène quoi que ce soit. De plus, les dialogues sont malhabiles, les invraisemblances pullulent, et les comédiens, hormis Molly Parker, en font des tonnes. Il faut dire qu’ils n’ont pas grand-chose à défendre.

Après avoir oscillé entre l’immobilisme d’un Antonioni et l’étrangeté de Twin Peaks, Suspicious River traîne en longueur, et nous assène une finale bâclée, où la morale bien-pensante triomphe, du genre "voici ce qui arrive aux jeunes filles qui font des pipes dans les motels". Glauque.

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