The Bourne Identity : Jeu de mille bourne
Cinéma

The Bourne Identity : Jeu de mille bourne

La sortie en salle de The Bourne Identity a été repoussée si souvent que le producteur exécutif est mort avant que le film ne soit distribué. Ce délai est-il attribuable à des raisons strictement cinématographiques, ou bien est-ce une autre conséquence du 11 septembre, alors que le film montre une CIA gaffeuse et meurtrière, reflet peu reluisant d’une institution en mal de crédibilité? Difficile à dire. Ce producteur, décédé en mars 2001, était nul autre que Robert Ludlum, célèbre auteur de romans d’espionnage, entre autres d’une trilogie démarrée, en 1980, avec The Bourne Identity.

La sortie en salle de The Bourne Identity a été repoussée si souvent que le producteur exécutif est mort avant que le film ne soit distribué. Ce délai est-il attribuable à des raisons strictement cinématographiques, ou bien est-ce une autre conséquence du 11 septembre, alors que le film montre une CIA gaffeuse et meurtrière, reflet peu reluisant d’une institution en mal de crédibilité? Difficile à dire. Ce producteur, décédé en mars 2001, était nul autre que Robert Ludlum, célèbre auteur de romans d’espionnage, entre autres d’une trilogie démarrée, en 1980, avec The Bourne Identity. Vingt-deux ans plus tard, cette histoire à mi-chemin entre John Le Carré et Ian Fleming est adaptée au cinéma par Doug Liman, réalisateur plus versé dans la comédie urbaine (Swingers et Go) que dans le thriller.

Un homme amnésique (Matt Damon) est repêché, en Méditerranée. Avec pour seule piste un numéro de compte bancaire en Suisse, gravé dans une capsule de métal insérée sous sa peau, il se rend à Zurich, où il trouve un revolver chargé, beaucoup d’argent en différentes devises, des passeports de toutes nationalités, et sous plusieurs noms, dont celui de Jason Bourne, Américain domicilié à Paris. Il découvre peu à peu qu’il parle français et allemand, qu’il maîtrise à la perfection les arts martiaux, et que son sens du danger est très développé. Il découvre aussi qu’il est recherché, plutôt mort que vif. Avec l’aide d’une Allemande rencontrée par hasard (Franka Potente), il part pour Paris, afin d’éclaircir le mystère de son identité, et de sauver sa peau. Des quais de la Seine à la campagne française, les deux fugitifs seront inlassablement poursuivis par la CIA, empêtrée dans un complot raté d’assassinat d’un dictateur africain.

Il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu de poursuite en auto aussi palpitante que celle – entre une Mini rouge et la police parisienne, dans les rues étroites de Paris – qui constitue le morceau de bravoure de ce film plus porté sur l’action que sur la psychologie. Côté action, on est servis: les combats sont réglés comme des pas de deux, les poursuites sont menées tambour battant, et la fusillade finale est saisissante. Ça avance sur les chapeaux de roues, accompagné par la remarquable trame sonore de John Powell, genre de techno lounge symphonique qui nous change du plagiat de Bernard Hermann.

Éclairages dramatiques, bande-son impeccable, montage serré: la technique est irréprochable. Pourtant, on reste un peu sur sa faim. Matt Damon n’est pas en cause: aussi à l’aise en amnésique traqué qu’en mercenaire intraitable, le comédien a le mélange adéquat de candeur et de froideur. Mais, face à lui, Franka Potente (Cours, Lola, cours) n’a pas grand-chose à défendre, avec ce personnage mal développé.

Malgré ses 111 minutes, The Bourne Identity semble avoir été amputé des scènes servant à bâtir la relation entre les deux protagonistes. Par souci d’efficacité, Doug Liman a conservé celles qui font avancer l’action, au détriment de la crédibilité de l’histoire. Dans un contexte hollywoodien, il n’est pas surprenant qu’il ait opté pour le spectacle plutôt que pour le suspense, mais c’est d’autant plus dommage que tous les éléments étaient réunis pour donner un genre de James Bond à la Hitchcock. Au bout du compte, on a un thriller honorable. C’est toujours ça de pris.

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