The Dangerous Lives of Altar Boys : Dans l’eau bénite
The Dangerous Lives of Altar Boys , de Peter Care (Road Movie), s’élève bien au-dessus des bluettes et des comédies simplettes dont on aime gaver les adolescents en période estivale. Dans cette adaptation respectueuse de l’unique roman de Chris Fuhrman (1960-1991), que plusieurs critiques ont comparé à Catcher in the Rye, alternent joyeusement actions réelles et dessins animés signés Todd McFarlane (Spawn).
The Dangerous Lives of Altar Boys
, de Peter Care (Road Movie), s’élève bien au-dessus des bluettes et des comédies simplettes dont on aime gaver les adolescents en période estivale. Dans cette adaptation respectueuse de l’unique roman de Chris Fuhrman (1960-1991), que plusieurs critiques ont comparé à Catcher in the Rye, alternent joyeusement actions réelles et dessins animés signés Todd McFarlane (Spawn).
Pour fuir leur quotidien plutôt banal, Tim et Francis (Kieran Culkin et Emile Hirsch) s’inventent une vie parallèle en créant une bande dessinée où ils sont des super héros luttant contre la terrible Nun Zilla. Cette incarnation du Mal est en réalité soeur Assumpta (Jodie Foster), leur dévouée mais très sévère enseignante, dont les jeunes garçons voudront se venger après qu’elle leur a confisqué leur oeuvre. Comment ne pas les blâmer? La vie paraît si morne dans ce petit bled perdu de la Caroline du Nord. À tel point qu’il semble même ne pas y avoir de vie du tout.
Serait-ce la trop grande sobriété de la mise en scène qui donne cette atmosphère de désoeuvrement le plus total? En situant l’action dans les années 70 comme dans le roman, Care n’a pas pour autant voulu jouer la carte de la nostalgie. Ce n’est pas un mauvais choix en soi, mais la reconstitution d’époque est si discrète qu’elle passe presque inaperçue. En fait, tout est si dépouillé dans Dangerous Lives… qu’on dirait qu’il n’y a qu’une dizaine d’élèves et deux enseignants – soeur Assumpta et le père Casey qui doute de sa vocation (Vincent D’Onofrio) – dans cette petite école catholique, et que les parents ont fui le village. Donc, entre une messe et un concert de "air guitar", les deux enfants de choeur délurés n’ont rien d’autre à faire que de combattre l’ennui sur papier. Présentés au départ sous forme d’esquisses animées, leurs alter ego évolueront dans de courtes séquences de plus en plus fluides et colorées à mesure que les garçons gagneront en maturité. Cependant, le récit qui se déroule dans cet univers manichéen de comic book présente peu d’intérêt et ne tient pas longtemps la route. On est très loin des délires psychédéliques de Pink Floyd-The Wall.
En dépit de cela et du plan de vengeance complètement absurde, il y a tout de même dans Dangerous Lives… des instants de vérité rappelant le regard bienveillant que Rob Reiner portait sur l’adolescence dans Stand by Me ou, plus récemment, l’Allemand Hans-Christian Schmid (Crazy). Mais la grande force de ce film réside dans l’interprétation. Peter Care a réellement le doigté pour diriger ses jeunes comédiens: Kieran Culkin est crâneur à souhait, et le nouveau venu, Emile Hirsch, fait montre de sincérité. Dans le rôle de la petite amie tourmentée de Francis, Jena Malone s’avère aussi très prenante. Du côté des adultes, Jodie Foster déçoit avec son jeu hésitant. Quant à Vincent D’Onofrio, il n’a pas grand-chose à faire, sinon tirer consciencieusement sur sa cigarette. Honnête quoique inégal.
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