Comédia : Rions un peu…
Cinéma

Comédia : Rions un peu…

Comédia, volet de cinéma comique du Festival Juste pour rire, signe sa troisième édition avec une programmation solide. Voici des films surprenants, courts et longs. Et souvent  drôles.

Comme tout le monde ne rit pas de la même chose, organiser un festival de ciné avec des comédies relève du défi. Comédia, volet cinéma comique du Festival Juste pour rire, en est à sa troisième édition. Cette année est jusqu’à maintenant la plus intéressante, puisqu’enrichie des Kinoïtes qui viennent proposer des morceaux choisis, et colorée par des programmateurs qui, en l’absence de Fantasia, s’en donnent à coeur joie dans le comique de genre. On commence cependant de façon classique avec Le Boulet, d’Alain Berberian et Frédéric Forestier, où Benoît Poelvoorde, Gérard Lanvin et José Garcia jouent à se poursuivre dans ce succès au box-office français. Et on continue en beauté avec Pumpkin, première oeuvre d’Anthony Abrams et Adam Larson Broder, qui raconte une romance entre une reine de l’école et un handicapé mental; excellent film qui mélange les genres et les tons avec maestria, joué et coproduit par Christina Ricci. Ces deux longs métrages seront prochainement à l’affiche. On peut rire de tout, donc des handicapés, et cela pourrait devenir un thème si l’on considère l’étonnant documentaire How’s Your News, The Feature, d’Arthur Bradford, Trey Parker et Matt Stone, où quelques handicapés se baladent en camping-car et réalisent des entretiens improvisés dans la rue. À se demander qui sont les plus démunis. Pas toujours hilarant, mais instructif et émouvant. À voir.

En première, on remarque le premier long métrage de Ricardo Trogi (en salle le 2 août), Québec-Montréal, road-movie décapant et comédie comme le Québec en fait trop peu; Grégoire Moulin contre l’humanité, d’Arthus de Penguern, un réalisateur français de courts métrages qui lance aussi son premier long: un humour de cartoon très Amélie Poulain, avec de bonnes idées, mais qui a tendance à devenir un peu répétitif. Notons aussi Nine Dead Gay Guys, film britannique de Lab Ky Mo, également en première nord-américaine, qui a beaucoup plu au Marché du Film à Cannes cette année. L’ère du politiquement correct étant incontestablement morte, on balance ici tout ce qui est susceptible de choquer en divertissant: cela donne deux Irlandais soi-disant straight qui taillent des pipes dans le milieu gai de Londres pour de l’argent. Mais pour une affaire de gros sous cachés sous un matelas, ils se retrouvent avec des morts sur les bras. Dans la panoplie, on trouve un nain avec un zizi de 8 cm, un juif hassidique qui les aime longs et larges, un prêtre et trois Sud-Africains dont un mineur, etc. Manquent les animaux. So-so.

Par contre, dans le genre anti-correctitude, l’Espagnol Santiago Segura, acteur et réalisateur de Torrente II: Mission in Marbella, tape dans le mille. Ce type-là a déjà connu un énorme succès dans son pays avec un premier film sur son personnage, Torrente, flic nul, ivrogne, raciste, ne pensant qu’aux filles et à l’argent. Et le succès ne démord pas pour l’opus II, où un fou de type Le Spectre veut envoyer deux missiles sur Marbella, pendant que Torrente, accompagné d’un demeuré et d’un petit gros en chaise roulante, joue les Austin Powers. Vulgaire et drôle. Les mannequins Esther Canadas et Inès Sastre se prêtent au jeu.

Enfin, surprenant et jouissif que le dernier délire du prolifique Japonais Takashi Miike que l’on apprécie, via Fantasia, depuis Dead or Alive, Audition et Visitor Q. Ce film-ci, Happiness of the Katakuris, est un remake d’une comédie grinçante coréenne qui raconte l’histoire d’une famille tenant une pension dans un coin reculé. Après le suicide d’un client, la famille voit ses hôtes mourir les uns après les autres, pour revenir embêter la maisonnée par la suite. Entre Shallow Grave et Arsenic and Old Lace. Mais Miike ajoute sa folie en mixant le tout à La Mélodie du bonheur. Ce film est une comédie musicale d’horreur… On a donc des zombies chantants, une famille charmante et dysfonctionnelle qui pousse la chansonnette comme dans un karaoké et qui danse une épouvantable chorégraphie; un amoureux qui se fait passer pour le neveu de la reine d’Angleterre; un sumo qui se tape une collégienne; et les personnages qui se transforment en pâte à modeler quand l’absurde devient trop dingue! Et, par-dessus tout, cela reste un film assez tendre sur la famille, sujet cher à Miike. Déroutant. À ne pas manquer.

Bonne programmation aussi pour les courts métrages qui font un petit tour du côté du monde comique, autant du côté anglais (Eat my Shorts! et Eat my Twisted Shorts!) que du côté francophone (Tout court!) avec Foie de canard et coeur de femme, du Québécois Stephan Lapointe; le marrant Soowitch de Jean-François Rivard; Aujourd’hui madame, de César Vayssié; et Pourquoi passkeu, de Gilles Lellouche et Tristant Aurouet, qui cultivent tous l’humour vache autour des relations hommes-femmes.

Enfin, pour calmer les esprits bouleversés par tant de nouveautés, rien de tel qu’un bon Fernandel. À la Cinémathèque québécoise, on pourra se chauffer les zygomatiques avec Don Camillo, Coiffeur pour dames et autres Sénéchal le magnifique; mais aussi avec les mimiques grandioses de Peter Sellers dans ses meilleures apparitions, celles de la série de La Panthère rose, bien sûr, mais aussi dans le génialissime The Party, de Blake Edwards, ainsi que Dr. Strangelove de Kubrick et What’s New, Pussycat? de Clive Donner. Le Canada n’est pas en reste puisque la Cinémathèque propose aussi des épisodes du duo comique Wayne & Shuster. Bonne rigolade.

Pré-vente à partir du 6 juillet au Cinéma du Parc
Du 11 au 22 juillet
Info: (514) 790-HAHA ou www.hahaha.com