Mr. Deeds : Les idiots
Cinéma

Mr. Deeds : Les idiots

Après avoir vu Mr. Deeds, de Steven Brill (Little Nicky), remake de Mr. Deeds Goes to Town, on ne peut que recommander le film de Capra. La mouture 2002 ne réussit à aucun moment à capter l’esprit d’origine, la légèreté de la comédie romantique. Qu’on change d’époque et qu’on adapte, qu’on aménage et qu’on recoupe, c’est tout naturel. Mais qu’on travaille autant pour livrer un tel navet, c’est troublant.

Il était une fois une très charmante histoire. Celle de Longfellow Deeds, joueur de tuba et garçon serviable d’un petit village du Vermont du nom de Mandrake Falls. Deeds hérite d’un oncle jusqu’ici inconnu qui lui laisse une gigantesque fortune. Il doit donc se rendre à New York où l’attendent toutes les hyènes de la haute finance et des médias, prêtes à le plumer. Une jolie journaliste est envoyée pour le séduire et raconter dans le journal ses soirées avec le célibataire le plus riche en ville. On se moque de lui, mais Deeds n’est pas si balourd qu’il n’y paraît. Il gagnera la reconnaissance générale et la fille. Cette adorable amourette, Mr. Deeds Goes to Town, a été réalisée en 1936 par Frank Capra. Deeds avait le charme boudeur de Gary Cooper et la journaliste Babe Bennett, l’élégance blonde de Jean Arthur. Capra avait travaillé avec son compère à l’écrit, Robert Riskin, qui avait encore une fois imaginé des dialogues savoureux. Ensemble, ils ont croqué avec une fantaisie un peu folle les habitants de Mandrake Falls, dont deux soeurs presque aussi dingues que celles dans Arsenic and Old Lace; ils ont mis des mots émouvants dans la bouche de petites gens venus chercher l’aide de Deeds, et des mots d’amour timides dans celle des héros. On rit autant qu’on est touché, on prend le temps de voir l’amour qui arrive, et la grâce traverse ce film gagnant d’un Oscar.

À la vision du remake – Mr. Deeds, de Steven Brill (Little Nicky) -, on ne peut que recommander le film de Capra. La mouture 2002 ne réussit à aucun moment à capter l’esprit d’origine, la légèreté de la comédie romantique. Qu’on adapte, qu’on aménage et qu’on recoupe, c’est tout naturel. Mais qu’on travaille autant pour livrer un tel navet, c’est troublant. Les temps changent: Longfellow ne sait plus discuter pour convaincre, il se bat… Dialogues nuls, problème de rythme, scènes trop courtes, acteurs mal dirigés, et de très mauvais baisers de cinéma: tout le film est à l’avenant, impersonnel et vulgaire. Est-ce parce que tout tourne encore une fois autour d’Adam Sandler (aussi producteur du film) qui, avec son look cool en opposition aux styles empruntés de tous les autres personnages, nous sert en réchauffé son rôle de brave type dans ce monde de dingues? Après avoir vu Punch Drunk Love, de P.T. Anderson, on a cependant l’espoir de le voir stopper ses niaiseries. Mais pour le moment, on a pas d’autre choix que de relouer le film de Capra.

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