Swing : Cordes sensibles
Cinéma

Swing : Cordes sensibles

Lorsqu’un gitan ou un manouche meurt, toutes ses possessions matérielles disparaissent définitivement, brûlées, pour qu’on oublie le mort, pour qu’il ne revienne pas de l’au-delà; on va même jusqu’à ne plus citer son nom. Par contre, Swing célèbre la vie, avec cet élan fougueux de poésie qui voudrait plutôt qu’on la garde en mémoire.

Lorsqu’un gitan ou un manouche meurt, toutes ses possessions matérielles disparaissent définitivement, brûlées, pour qu’on oublie le mort, pour qu’il ne revienne pas de l’au-delà; on va même jusqu’à ne plus citer son nom. Par contre, Swing célèbre la vie, avec cet élan fougueux de poésie qui voudrait plutôt qu’on la garde en mémoire.

Selon son habitude, Tony Gatlif (Latcho Drom) nous réintroduit dans la communauté tzigane, mais sédentarisée cette fois-ci dans la région de Strasbourg. Max (Oscar Copp), un petit bonhomme d’une douzaine d’années, est mordu de musique jazz manouche, plus précisément de guitare, instrument qu’il veut tripoter comme le grand Django Reinhardt. En quête d’un professeur aux doigts agiles (Tchavolo Schmitt) et de sa première pièce de bois à six cordes, il s’aventure parmi ce peuple coloré et marginal, où il rencontre Swing (Lou Rech), compagnon avec qui il tisse des liens serrés.

La musique suinte par tous les pores du film, elle devient LE personnage principal. Que l’on voie les musiciens en jouer ou qu’elle serve seulement de trame sonore, le sentiment demeure, vivifiant et entraînant, spécialement durant les leçons, par lesquelles la technique rencontre la sensibilité. Comme le dit Miraldo, le prof: il faut jouer à l’oreille et avec le coeur, et non pas lire la partition. Gatlif adopte d’ailleurs ce précepte, qu’il met au service du film: on est témoin d’une proximité humaine, jouée comme un glissando parfait par les comédiens, sans que l’on sente aucun effort. La caméra capte quelque chose de vrai.

Cependant, Swing se rapproche d’une version remaniée de Gadjo Dilo, avec l’étranger curieux parmi les gitans, l’omniprésence du musical et l’inclusion de la figure plus âgée qui sert de guide. Qu’un auteur explore le même instrument, va toujours; mais quand on commence à sentir que la trame de base opte pour un vieil air usé, on se demande s’il ne faudrait pas changer quelques cordes.

N’empêche que l’envoûtement fonctionne, du début à la fin, maîtrisé par Gatlif, qui s’affine avec le temps. Sans que nous sachions vraiment pourquoi, une émotion de tristesse nous serre la gorge et nous sortons l’oeil embué. Avouons qu’il serait dommage que ce gitan d’origine emporte avec lui, un jour, tous ses effets personnels, y compris ses films.

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