FFM : Premiers choix
À chaud, sortons quelques films du lot, histoire de savoir où l’on s’en va dans cette 26e édition du Festival des Films du Monde de Montréal.
Plus de 400 films provenant de 75 pays attendent sur la ligne de départ, un choix encore très large, comme toujours orchestré par le dynamique duo Cauchard-Losique pour ce 26e Festival des Films du Monde. Cette année, et pour la troisième fois depuis l’existence du FFM, le Japon est à l’honneur; et pour une première fois, nous aurons droit à un tour d’horizon de films africains. À ces deux différences près, le FFM conserve ses sections habituelles. Pêle-mêle, voici quelques aperçus prometteurs qui accrochent au premier coup d’oeil:
On le sait, et on l’attend, La Turbulence des fluides, dernier-né de Manon Briand (2 secondes), ouvre le FFM. Seul film québécois en compétition officielle, il est en lice à côté de la première réalisation de Sophie Marceau, Parlez-moi d’amour; du dernier film de Carlos Saura, qui a traduit Salomé en flamenco; du film de Cristina Comencini, Le plus beau jour de ma vie; d’une drôle d’histoire où l’Espagne part à la dérive, Le Radeau de pierre, de George Sluizer, réalisateur connu du FFM; d’un film sur la Mongolie intérieure, Heavenly Grassland de Sai Fu et Mai Lisi; et du dernier opus de Raul Ruiz, Rapsodie chilienne.
C’est l’exercice de style 8 femmes, de François Ozon (Sous le sable, Gouttes d’eau…), qui clôture joyeusement et élégamment cette édition, film qui fait partie de la section Hors Compétition, toujours croustillante: on y retrouve une relation mère-fils à découvrir dans Food for Love, du réalisateur espagnol Ventura Pons; une chronique sociale brésilienne, Cidade de Deus, de Fernando Meirelles; et Balzac et la petite tailleuse chinoise, du rocambolesque écrit et réalisé par Dai Sijie. Notons un regard sur la société et le couple en Pologne dans Suplement, celui du maître Krzysztof Zanussi; et le vibrant et étonnant cri du coeur d’Amos Gitaï sur le conflit israélo-palestinien avec Kedma. Si 24 Hour Party People, de Michael Winterbottom, est sympathique mais sans plus, nous serons dans la salle pour Embrassez qui vous voudrez, de Michel Blanc (présent au FFM); pour la collaboration selon Gérard Jugnot dans Monsieur Batignole; pour l’histoire dingue d’un hypnotiseur pro-nazi et d’un juif naïf dans Invincible, de Werner Herzog; mais aussi pour voir ce qu’on a fait en animation du héros de Pratt: Corto Maltese, la cour secrète des arcanes, de Pascal Morelli; et pour une romance fantastique, le film de Tonie Marshall (Vénus Beauté Institut), Au plus près du paradis, avec Catherine Deneuve et William Hurt. Enfin, son titre circulait à Cannes cette année, et le film Filles perdues, cheveux gras, de Claude Duty, une chronique sur trois itinéraires féminins, a eu des fans.
Curiosité aiguisée pour le documentaire sur la famille Warhol de Slovaquie qui tire gloire du célèbre cousin Andy dans Absolut Warhola, de Stanislaw Mucha; et pour ceux et celles qui aiment les chroniques rurales un peu spleen, détour pour la Caméra d’or du dernier Festival de Cannes, Bord de mer, de Julie Lopes-Curva. On peut s’attarder aussi devant L’Oiseau d’argile, de Tareque Masud, un film du Bangladesh qui a ouvert la Quinzaine des réalisateurs cette année; et, aussi présent à Cannes, devant la formidable épopée haute en couleur et en douleur: Les Chants du pays de ma mère, de Bahman Ghobadi (Un temps pour l’ivresse des chevaux).
Cinéma maison: parmi les 153 oeuvres canadiennes, tous formats confondus, on veut voir ce que vont donner Three and a Half, de Boris Mojsovski, où des auteurs rencontrent leurs personnages fictifs; le film des frères Gagné, Barbaloune; Isabelle Blais en paumée des rues dans Looking for Leonard, de Matthew Bissonnette et Steven ClarkJo; Claude Jutra, portrait sur film, de Paule Baillargeon; et Home, de Phyllis Katrapani, une réflexion sur l’imaginaire, qui sera diffusée en direct sur Internet.
Dans la section Amérique latine, outre un film colombien, Bolivar Soy Yo de Jorge Ali Triana, qui ne manque pas de courage puisqu’on y relit l’Histoire, on peut se laisser porter par le délire de Cuento de Hadas Para Dormir Cocodrilos, du Mexicain Ignacio Ortiz Cruz, et découvrir à quoi peut ressembler un film argentin qui aurait les mêmes angoisses qu’un film de Woody Allen: Samy y Yo d’Eduardo Milewicz.
Du Japon, le FFM présente celui qui a remporté le prix du meilleur film asiatique en 2001 au Festival de Tokyo, Kasei No Kanon, de Shiori Kazama; on peut s’interroger sur l’histoire d’un chien d’aveugle qui devient humain, un Didier japonais donc: Dog Star, de Takahisa Zeze; et sur ce qui ressemble à une version nippone d’El Santo, un joueur de baseball masqué: Mr. Rookie, de Satoshi Isaka. Plus sérieusement, deux heures en compagnie de Kurosawa risquent d’être passionnantes, Kurosawa Akira Karano Message…
Enfin, les impossibles-à-rater: la vision de la musique brésilienne par le frère du Finlandais magnifique, Mika Kaurismäki, avec le documentaire Moro No Brasil; l’éducation des petits Afghans sous l’oeil tendre de Moshen Makhmalbaf dans L’Alphabet afghan. Et parce que ses films précédents sont des bijoux (Et la lumière fut, La Chasse aux papillons, Adieu, plancher des vaches), et qu’on voudrait qu’ils soient distribués en long, en large et en couleur, le dernier film d’Otar Iosseliani, Lundi matin. Bon Festival.
FFM
Du 22 août au 2 septembre
Pour info: www.ffm-montreal.org