Le boulet : Nul si découvert
Cinéma

Le boulet : Nul si découvert

Le film de tandem aux personnages opposés, de type Marche à l’ombre ou L’Emmerdeur, est devenu un sous-genre en soi, fréquemment associé à la comédie populaire, qui permet de tirer un maximum de profits. Parfois, la recette fonctionne et c’est le gros lot; parfois, la mise est tout simplement perdue, même si les enjeux semblaient  favorables.

Le film de tandem aux personnages opposés, de type Marche à l’ombre ou L’Emmerdeur, est devenu un sous-genre en soi, fréquemment associé à la comédie populaire, qui permet de tirer un maximum de profits. Parfois, la recette fonctionne et c’est le gros lot; parfois, la mise est tout simplement perdue, même si les enjeux semblaient favorables.

De la loterie, Le Boulet en fait son élément déclencheur: Moltès le caïd (Gérard Lanvin) s’évade de prison pour retrouver à tout prix le gardien Francis Reggio (Benoit Poelvoorde) qui détient SON billet gagnant. Mais, par inadvertance, celui-ci l’a laissé à sa femme, Pauline (Rossy De Palma), en route pour l’Afrique. N’ayant que peu de choix, Moltès traîne cette source de problèmes incessants qu’est Reggio. Mais ils doivent faire vite, car l’ennemi juré du caïd, le Turc (José Garcia), les poursuit. Voilà le résultat d’une coproduction France-États-Unis (Thomas Langmann est l’idéateur, la Warner a fourni des gros sous) qui ne marie pas bien la force de ces styles: d’un côté l’européen, plus intimiste, et de l’autre l’américain, plus tape-à-l’oeil. Le film ne trouve ni sa marque ni son ton, tellement cette association hybride se place en travers du chemin. Les scènes d’interaction entre Reggio et Moltès, empreintes d’une bonne dose de connivence, tranchent avec les courses-poursuites qui s’enchaînent, comme celle, gigantesque et gratuite, avec une grande roue de foire détachée en plein Paris. Il faut dire que la réalisation survitaminée et sur-flinguée fut, elle aussi, menée en duo (fait assez rare en France) par Alain Berbérian (Paparazzi) qui assurait l’ensemble et Frédéric Forestier (issu du milieu de la pub) qui se consacrait aux moments d’action.

Même avec le luxe d’un tournage effectué dans le désert, avec touaregs, rallye en auto et promenade à dos de chameau, l’accumulation des péripéties devient inversement proportionnelle au plaisir. Et les situations comiques ne passent pas souvent la barre du simple sourire tellement on a la conviction d’avoir vu mieux ailleurs. La comédie est un genre cinématographique des plus casse-cou; quand l’étincelle ne se produit pas, il ne reste plus grand-chose. Et les acteurs qui se confinent dans leurs habitudes – Lanvin est imperturbablement lui-même, Poelvoorde est inépuisable, De Palma joue de son physique et Garcia est survolté – ne servent même pas de bouée de secours.

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