The Good Girl : La p'tite vie
Cinéma

The Good Girl : La p’tite vie

Justine (Jennifer Aniston) s’ennuie dans son boulot et dans son mariage avec Phil (John C. Reilly). Elle a 30 ans et vit dans un trou au Texas. Et quand le petit nouveau à la caisse (Jake Gyllenhaal), celui qui a des yeux de cocker et qui écrit des histoires tristes, tombe amoureux d’elle, c’est le début du chaos. Écrit par Mike White et réalisé par Miguel Arteta, le duo de Chuck et Buck, The Good Girl est une drôle de comédie, plus dramatique qu’elle n’en a l’air.

Justine (Jennifer Aniston) s’ennuie dans son boulot et dans son mariage avec Phil (John C. Reilly). Elle a 30 ans et vit dans un trou au Texas. Et quand le petit nouveau à la caisse (Jake Gyllenhaal), celui qui a des yeux de cocker et qui écrit des histoires tristes, tombe amoureux d’elle, c’est le début du chaos. Écrit par Mike White et réalisé par Miguel Arteta, le duo de Chuck et Buck, The Good Girl est une drôle de comédie, plus dramatique qu’elle n’en a l’air. Un film indie étrange qui aurait la méchanceté d’American Beauty, poésie en moins; et le style de You Can Count on Me, émotion en moins; ce qui revient à dire qu’on pourrait avoir affaire à un téléfilm réaliste de plus, sans accroche-coeur particulier, une histoire banale de petite vie. Mais cela ne suffirait pas non plus, car la justesse de ton est impressionnante et force le respect. Si, en surface, il ne se passe pas grand-chose, en sous-sol, le film est parfaitement solide dans la construction du scénario, dans la pertinence des dialogues en rapport avec l’évolution des personnages et dans la mise en scène sans secousse. Tout concorde.

On croit à ces adultes prisonniers dans leur vie, mal outillés pour exprimer un désarroi grandissant. On est proche du végétatif, comme les parents du jeune amant de Justine. Et les moyens pour garder la tête hors de l’eau, pour s’évader, n’ont rien d’extravagant (lire la Bible, baiser dans un motel, fumer un joint, regarder la télé). Ces personnages fictifs sont d’une réalité connue et vécue. Arteta et White filment le vide de l’existence, désespérément en creux, sans ajout de sentimentalisme ou de pathos. On ne s’encombre pas de psychologie: une femme s’ennuie, elle trompe son mari, et veut calmer la tourmente quand elle culpabilise. Il y a du Bovary là-dedans, mais dans ce qu’il y a de plus aride. Car cette bonne fille, jouée sans heurt par Aniston, est dangereuse, elle ne sait même pas qui elle est et à quel point elle est zombie. Adultère, mensonge, préméditation d’assassinat et délation lui glissent dessus avec la plus grande amoralité. Mais comment le saurait-elle? Elle n’a pas de points de repère. Peu de films réussissent à peindre cette angoisse-là sans user d’artifices. The Good Girl en est dérangeant.

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