Nine Queens : L'arnaque
Cinéma

Nine Queens : L’arnaque

Fasciné par la ruse des escrocs de rue, l’Argentin Fabian Bielinski a compilé des anecdotes authentiques qu’il s’est ensuite amusé à combiner pour son premier long métrage, Nine Queens, récipiendaire du Grand Prix au Festival du film policier de Cognac.

Fasciné par la ruse des escrocs de rue, l’Argentin Fabian Bielinski a compilé des anecdotes authentiques qu’il s’est ensuite amusé à combiner pour son premier long métrage, Nine Queens, récipiendaire du Grand Prix au Festival du film policier de Cognac. À la manière d’un David Mamet (The Spanish Prisoner), le réalisateur-scénariste livre un récit riche en surprises, revirements et faux-semblants ayant pour arrière-plan la crise économique de l’Argentine et un humour noir qui n’est pas sans rappeler The Grifters, de Stephen Frears. D’entrée de jeu, Bielinski manipule le spectateur qu’il tiendra en haleine jusqu’à la dernière scène avec son écriture si resserrée qu’elle laisse à peine le temps de s’interroger sur la vraisemblance de chaque coup de théâtre. La même facilité de manipulation se retrouve au coeur de l’association de ces deux arnaqueurs de peu d’envergure qui se croisent dans un petit commerce de Buenos Aires. Le premier s’appelle Juan (Gaston Pauls), il est jeune, discret et veut bénéficier des sages conseils d’un truand d’expérience; le second, prénommé Marcos (Ricardo Darin, le restaurateur de El Hijo de la novia de Juan José Campanella), a du panache à revendre et souhaite profiter de la naïveté d’un débutant. D’un vol de sac à main jusqu’au recel de timbres allemands de l’époque Weimar, "les neuf reines", leur union de vingt-quatre heures regorgera d’embûches, dont l’une en la personne de Valeria (Leticia Bredice), la séduisante soeur de Marcos. La jeune femme, qui travaille à l’hôtel où séjourne le riche collectionneur vénézuélien que Juan et Marcos veulent escroquer, menace à tout moment de les dénoncer à la police. Pour pimenter le tout, Bielenski se plaît à inverser les rôles sans crier gare, de sorte que les deux larrons se méfient constamment l’un de l’autre et que le spectateur ne sait jamais qui bénéficie de cette association de malfaiteurs. À côté du récit, la mise en scène paraît plutôt sage; pourtant, elle s’avère efficace car en alternant les fébriles scènes de rue captées à la caméra cachée et les scènes plus statiques qui démontrent le luxe du grand hôtel, le réalisateur dévoile l’écart entre les classes de la société argentine. Grâce au scénario solide et aux comédiens qui endossent avec bonheur leurs personnages peu scrupuleux, Nine Queens se révèle un thriller jouissif.

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