Potrait : Black Taboo Éric Gagnon
Cinéma

Potrait : Black Taboo Éric Gagnon

"Notre seule limite, c’est celle des acteurs qui jouent dans nos films parce que nous, on ne s’en est fixé aucune", explique le controversé Richard Mangemarais, le vidéaste qui, avec son complice Al_Fayed, distribue de façon quasi confidentielle les productions de Black Taboo Video…

Black Taboo

"Notre seule limite, c’est celle des acteurs qui jouent dans nos films parce que nous, on ne s’en est fixé aucune", explique le controversé Richard Mangemarais, le vidéaste qui, avec son complice Al_Fayed, distribue de façon quasi confidentielle les productions de Black Taboo Video depuis déjà quelques années. Scatologie, déluges hématologiques, poupées gonflables psychopathes, histoires sans queue ni tête où le réel et la fiction s’entremêlent au point de brouiller les cartes: Black Taboo est une réponse à l’humour aseptisé, trouvant sa raison d’être dans un second degré absolument critique. Et si on s’interroge sur la pertinence de la représentation peu flatteuse – mais véridique – du sexe et de la violence chez une jeunesse en déroute que favorisent certains réalisateurs comme Larry Clarke (Kids, Bully), on pourrait en faire de même pour Black Taboo. Y a-t-il une limite morale? Est-ce vraiment nécessaire – et socialement acceptable – de faire une telle apologie de la décadence? La fiction permet-elle une totale liberté? Comme chez Clarke, Black Taboo se fait le reflet d’une génération gavée de porno, de violence et de scandales, donc désensibilisée. Et comme chez l’humoriste Lenny Bruce, son utilisation de la vulgarité est à la fois un exutoire et l’expression d’une réalité pourtant socialement inacceptable. "Quand on fait un remake parodique d’Aurore l’enfant martyr, on ne cautionne pas la violence faite aux enfants, au contraire, mais ça n’empêche pas que ça puisse être drôle. Le but, c’est de faire rire avant tout, et on peut rire de tout", conclut Richard. Si vous croyez que rien n’est sacré, que l’humour peut être dénué de toute notion de bon goût et que vous avez les nerfs solides, Black Taboo Video lancera son tout nouvel essai au Dagobert, le 15 septembre.

Éric Gagnon
Faute de définition précise du travail d’Éric Gagnon, on le classera dans la filière cinéma. "Ça me va, rétorque le principal intéressé, le cinéma, ça demeure de l’image en mouvement avec du son et c’est exactement la définition de ce que je fais." Au sein de l’équipe de la Bande Vidéo depuis cinq ans, Gagnon y assure une part de coordination et la direction artistique, ce qui inclut la tenue annuelle du très prisé concours Vidéastes recherchés, événement grâce auquel de nombreux talents locaux ont été découverts (Ricardo Trogi, Francis Leclerc, Phylactère Cola). En parallèle, cet artiste multidisciplinaire accumule les collaborations avec plusieurs musiciens – tel que Fred Fortin -, pratique le scratch vidéo depuis quelques lustres pour désormais obliquer vers la vidéo d’art avec support musical. Derrière le bureau ou la console, Gagnon s’illustre aujourd’hui comme l’un des plus importants piliers du milieu, lui insufflant un contagieux désir d’innover et de se démarquer, tissant des liens essentiels avec les autres disciplines. Une sorte de vase communicant qui respire la dissidence et l’originalité. Parmi ses projets – trop nombreux pour qu’on les décline en entier-, Gagnon prévoit produire un cédérom interactif, un spectacle en collaboration avec une bande de New-Yorkais de passage chez nous en septembre, ainsi qu’un premier solo. "J’ai toujours travaillé en collaboration avec d’autres, mais là, je me sens prêt pour tenter l’expérience seul", annonce-t-il, spécifiant qu’il assurera à la fois la fonction de créateur d’ambiances sonores et visuelles lors de ses prochaines performances. "Conter une histoire pour conter une histoire, ça ne m’intéresse pas tant que ça, spécifie-t-il à propos de son travail. Ceux qui cherchent du sens dans ce que je fais seront sans doute déçus, mais les autres qui peuvent se laisser aller et s’imprégner des images et du son deviennent habituellement des fans qui reviennent très souvent."