24 Hour Party People : Plein volume
Cinéma

24 Hour Party People : Plein volume

Santé de fer et instinct sûr. En sortant de 24 Hour Party People, on se dit que certaines personnes, plus que d’autres, méritent leurs 15 minutes de gloire mondiale. Et qu’on devrait les mettre au Record Guinness, sous la section "meilleure adhérence à l’air du temps et endurance physique et morale exceptionnelle". Tony Wilson, présentateur à Granada TV, en est un bon exemple. À partir du choc initial, qui l’a frappé le 4 juin 1976, au Lesser Free Trade Hall, à Manchester, au concert des Sex Pistols, Wilson est devenu une pile électrique chargée à bloc.

Santé de fer et instinct sûr. En sortant de 24 Hour Party People, on se dit que certaines personnes, plus que d’autres, méritent leurs 15 minutes de gloire mondiale. Et qu’on devrait les mettre au Record Guinness, sous la section "meilleure adhérence à l’air du temps et endurance physique et morale exceptionnelle". Tony Wilson, présentateur à Granada TV, en est un bon exemple. À partir du choc initial, qui l’a frappé le 4 juin 1976, au Lesser Free Trade Hall, à Manchester, au concert des Sex Pistols, Wilson est devenu une pile électrique chargée à bloc. D’une émotion, ce diplômé de Cambridge a su faire un raz-de-marée: il a lancé une boîte de production révolutionnaire, Factory Records, qui enregistrera Joy Division, New Order et Happy Monday; il ouvrira la Hacienda, la Mecque des noctambules, aussi prisée que le Sudio 54; et il tiendra la route jusqu’au début des années 90. En 20 ans, et en partie grâce à lui, Manchester a influencé la musique populaire.

Histoire récente, délirante, remplie d’une énergie musicale hors du commun, de nuits psychédéliques, de sexe sportif et de drogues dures: après Velvet Goldmine, il fallait combler un créneau. Et c’est clair, Michael Winterbottom, qu’on a connu plus sage (Welcome to Sarajevo ou Go Now), a vraiment pris son pied.

Pas évident cependant de retracer 20 ans de musique sans s’endormir dans la chronologie; de parler de personnes vivantes pour la plupart, de faire ressentir le coup de poing de l’énergie punk et surtout de ne pas regarder en arrière (Winterbottom a la petite quarantaine) avec des trémolos sur le bon temps passé à jamais. 24 Hour Party People évite à peu près tous les écueils. S’il n’est pas le film résumé thématique et testamentaire habituel, c’est grâce au rythme déconstruit de la mise en scène, au souci visuel et à cet acteur parfait, Steve Coogan, bien connu du petit écran britannique.

On mélange les époques sans ménagement, comme un gros trip qui ne prévient pas quand il décolle. De subtils changements dans les costumes, de gros changements dans les musiques et une énergie constante contribuent à nous garder sur un high constant, qu’on soit dans la petite histoire humaine ou dans les grandes étapes musicales. Cette construction non linéaire est soutenue par un visuel pleine couleur, avec un montage "surcaféiné" et quelques apparitions extrasensorielles. Manchester a beau être grise, tout le monde s’en fout: l’énergie musicale est multicolore. Dans cette cacophonie, les personnages (nombreux) ne sont pas écrasés. Et on voit surtout Steve Coogan, hilarant de flegme au milieu de ces singes hurleurs, insensible au bruit ambiant mais branché sur l’air du temps de toutes ses antennes, et discourant aisément avec la caméra. Notons aussi la Némésis de Wilson, le producteur de Joy Division, Martin Hannett (Andy Serkis), personnage hirsute et hors norme.

En quelques mots, on pourrait définir 24 Hour Party People comme un film hommage drôle et non nostalgique, sauf peut-être pour une chose: que les plus grands que nature, les vrais casse-couilles (ceux qui emmerdent le système, qui signent des contrats de leur sang et qui ne suivent que leur route) ne sont plus très visibles. On est bien d’accord.

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