Bob le flambeur : Le beau joueur
Cinéma

Bob le flambeur : Le beau joueur

Bob (Roger Duchesne), un joueur invétéré, d’où l’appellation de flambeur, est un ex-truand dans la cinquantaine, un "vieux jeune homme" avec beaucoup de classe et de sang-froid, presque un dandy.

Bob (Roger Duchesne), un joueur invétéré, d’où l’appellation de flambeur, est un ex-truand dans la cinquantaine, un "vieux jeune homme" avec beaucoup de classe et de sang-froid, presque un dandy. Il joue toutes les nuits jusqu’à l’aube et pousse le bouchon jusqu’à avoir une machine à sous dans son placard. Il le dit lui-même: "Je suis né avec un as de carreau dans la main." Et il adore tester sa baraka dans ce milieu pas trop net du Montmartre des années 50.

Or, dans les films de série noire, le celluloïd pullule d’ex-truands qui aimeraient titiller dame chance une autre fois, pour enfin dire banco, et Bob n’est pas différent. Ainsi débarque Anne (Isabelle Caury), une gentille nymphette qu’il prend sous son aile et présente à Paulo (Daniel Cauchy), son protégé, qui, naturellement, s’éprend d’elle. Et puis Bob perd tout sur un coup de tête, après avoir mis en pratique sa philosophie qui proclame qu’il faut de l’audace, et encore de l’audace. C’est ainsi que dans son cerveau germent des plans de cambriolage et il regarde son destin comme un ultime coup de dés.

Ce qui est bien avec les classiques, c’est qu’on peut les comparer avec la production récente, et Bob le flambeur n’a rien à envier à cette dernière ni aux films noirs de son époque. Car on sent une influence américaine dans le travail de précision, immensément bien construit et détaillé, du colossal Jean-Pierre Melville (Le Doulos, Le Cercle rouge). On n’a qu’à prendre la préparation en étapes du vol, avec ce "flash-forward" sur la manière dont les larrons vont physiquement investir les lieux désignés, alors que le personnel est visuellement occulté. Assez inventif. Ou bien l’ensemble de ces dialogues savoureux et allant droit au but, cosignés par Auguste le Breton (auteur de Rififi chez les hommes, adapté l’année d’avant par Jules Dassin) et Melville, qui jonglent avec un argot pétillant. Fait à noter, Rialto films (USA) ressort cette "nouvelle" copie, toute neuve, semble-t-il. Pourtant, une quantité décevante d’égratignures et de pop-corn sonore minaient le visionnement.

Comme le déclare Melville, narrateur du film: "La chance, sa vieille maîtresse, lui a fait oublier la raison, pourquoi il était là." Nous, on n’oublie pas pourquoi on est là, on saisit la chance de redécouvrir une grande oeuvre.

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