Home : Ici et ailleurs
Dans le cadre du dernier Festival des films du monde de Montréal, Home, de Phyllis Katrapani, a été présenté simultanément dans une salle du Parisien et sur Internet. Sur le plan technologique, une première mondiale couronnée de succès… enfin pour ceux qui n’ont pas été trahis par leur connexion haute vitesse.
Dans le cadre du dernier Festival des films du monde de Montréal, Home, de Phyllis Katrapani, a été présenté simultanément dans une salle du Parisien et sur Internet. Sur le plan technologique, une première mondiale couronnée de succès… enfin pour ceux qui n’ont pas été trahis par leur connexion haute vitesse.
Pourquoi donner un titre anglais à un film tourné en français? Parce que la réalisatrice-scénariste montréalaise soutient que son équivalent français "chez-soi" est moins chargé de sens que le concept "home". Née d’un père grec et d’une mère turque, la jeune femme s’est longtemps interrogée sur ses racines et ses pays d’origine, sur son vrai "home". Dans son moyen métrage Ithaque (1997), une allégorie sur le retour d’Ulysse vers son île natale, Phyllis Katrapani traitait déjà de l’importance du lieu de naissance. Dans ce même esprit, elle explore avec Home cet endroit mythique ou réel où l’on tend à revenir, physiquement ou en pensée.
Pour son premier long métrage, Katrapani opte pour un audacieux et réussi mélange de fiction et de documentaire. Par le biais de la fiction, elle suit d’abord le parcours d’Alex (François Papineau), un cartographe marin dans la trentaine qui se sent déchiré entre son lieu de naissance, Montréal, et ses pays d’origine, la Grèce et la Turquie. Sa compagne Léa (Jacinthe Laguë) tente de l’aider à s’enraciner en fondant une famille. Dans une mise en scène minimaliste, alternent portraits, paysages et natures mortes dont la grande beauté témoigne des talents de photographe de Katrapani et son comparse Michel Lamothe. Portés par l’enveloppante trame sonore de Ned Bouhalassa, ces tableaux s’enchaînent sur un rythme lent propre à l’introspection auquel s’harmonise le jeu sobre des comédiens. Métaphore du pays intérieur, l’énigmatique poète incarné par le grand-père de la réalisatrice, Atanas Katrapani, qui avait aussi interprété Ulysse dans Ithaque, apporte un souffle lyrique à cette crise identitaire. Aux interrogations d’Alex, font écho les témoignages documentaires de six personnes issues de différents pays, dont l’Égypte, le Chili, l’Algérie et la Grèce, et arrivées en bas âge au Canada. Face caméra, chaque intervenant livre avec simplicité un récit très personnel sur sa propre quête d’identité. En donnant ainsi une tribune à des représentants de différentes communautés culturelles, Phyllis Katrapani offre également au cinéma québécois de nouveaux horizons à découvrir.
Voir calendrier
Cinéma exclusivités