Sasayaki : Perversion 101
Cinéma

Sasayaki : Perversion 101

Quelle n’est pas la surprise du jeune étudiant effacé Takuya (Kenji Mizuhashi) quand il tente, avec sa propre clé, d’ouvrir le casier de Satsuki (Tsugumi), une camarade dont il s’est entiché, et que ce dernier révèle son contenu

Quelle n’est pas la surprise du jeune étudiant effacé Takuya (Kenji Mizuhashi) quand il tente, avec sa propre clé, d’ouvrir le casier de Satsuki (Tsugumi), une camarade dont il s’est entiché, et que ce dernier révèle son contenu. Disons que, métaphoriquement, cela dévoile une facette de sa personnalité qu’il aurait probablement voulu tenir dans l’ombre ou, du moins, ne pas avoir à affronter.

En effet, dès le début de la relation amoureuse entre Takuya (elle est l’instigatrice de leur rencontre et très adroite au kendo) et Satsuki, un singulier enregistrement la concernant met fin subito presto à l’idylle naissante. Elle le plaque, dégoûtée par ses tendances malsaines. Or, son geste déclenche entre eux toutes sortes de perversions déboulant en vrac, passant par le fétichisme, le sadomasochisme, la soumission (hé oui, il aspire au rôle de chien, air piteux compris) et le voyeurisme. Expérimentations hors des sentiers battus, donc, mais expérimentations qui fuient tout le sordide d’un tel propos, axé sur le mode perte de l’innocence chez deux ados, avec toute la maladresse voulue. Sans le regard affectueux du réalisateur Akihiko Shiota (dont c’est le début de carrière: ça promet!) qui scrute de façon intime, sans jugement envers ses protagonistes, les manifestations de cet amour tordu, le film pourrait sans nul doute virer à la farce. À vrai dire, l’écriture fine, l’interprétation toute en justesse et le tempo lent font en sorte qu’il s’installe une tension dérangeante, prenant tout son essor dans des scènes comme celle où Takuya doit côtoyer Tadashi (Kota Kusano), un collègue de classe et nouveau prétendant de Satsuki, et assister, à distance, à leurs rendez-vous. Ou encore celle, non moins cruelle, où Takuya, être obéissant, est témoin auditif des ébats sexuels de sa partenaire, caméra braquée sur sa réaction silencieuse. Le film souffre cependant d’une prise de son étouffée, escamotant presque tous les sons périphériques. Est-ce un stratagème de plus pour mieux isoler ce drame inconfortable, ou bien un problème au mixage? Difficile de trancher. Sasayaki demeure une oeuvre assez simple dans sa trame, tournée avec sobriété et sans esbroufe.

Évidemment, les coïncidences au cinéma servent toujours le récit et viennent ultérieurement confirmer un élément. Ce n’est pas le fruit du hasard si la clé du jeune homme convient à la serrure: il y trouve son complément.

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