Mostly Martha : Plat congelé
Cinéma

Mostly Martha : Plat congelé

Nourriture, métaphore sensuelle de la vie; et cuisine, antre du plaisir: la recette n’est pas nouvelle au cinéma, de La Grande Bouffe à Big Night, du Festin de Babette à Tampopo. Mais comme l’art culinaire, cette métaphore a sans cesse besoin de se renouveler. Rien ne sert de stagner dans les mêmes ornières, sinon on ne servira aucun plat original.

Nourriture, métaphore sensuelle de la vie; et cuisine, antre du plaisir: la recette n’est pas nouvelle au cinéma, de La Grande Bouffe à Big Night, du Festin de Babette à Tampopo. Et comme l’art culinaire, cette métaphore a sans cesse besoin de se renouveler. Rien ne sert de stagner dans les mêmes ornières, sinon on ne servira aucun plat original. Les cailles en sarcophages appartiennent désormais à Stéphane Audran et les meilleurs gnocchis sont certainement ceux roulés par le coup de main d’Andy Garcia… Une scène chaude du Parrain III qui a dû aussi marquer la réalisatrice allemande Sandra Nettelbeck, auteure de Mostly Martha, puisqu’elle a craqué pour la saveur latine.

Et on voit venir la nécessité du charme italien dès le hors-d’oeuvre: Martha (Martina Gedeck) est chef cuisinière respectée à Hambourg; mais sa vie est triste et froide. Parce que sa soeur meurt et qu’elle doit s’occuper de sa nièce, cela bouscule sa vie comme sa cuisine. Au restaurant, on lui colle dans les pattes une aide précieuse dont elle ne veut rien savoir bien sûr: celle de Mario (Sergio Castellitto), Italien charmant. Il est prévu que toute personne normalement constituée fond dans les cinq minutes sous le sourire de Castellitto, mais ça prend un bon trois quarts d’heure à Martha. Et, quel gâchis, tout sera bâclé de façon express sous le générique de fin.

Rien n’empêche d’opposer chaleur du Sud à froideur du Nord, cuisine clinique à cuisine bordélique, amour à raison. Voir récemment Italiens pour débutants. Mais pour se démarquer, il faut de la délicatesse et de l’originalité, et Mostly Martha, romance lourde et chaotique, en manque désespérément. On a du mal à saisir ce personnage glacial de cuisinière; il est aussi difficile de croire en son talent de cuisinière qu’à sa carence affective (surtout face à sa nièce). Et son épanouissement soudain est tout aussi surprenant. Mais il est vrai que le film débute dans le cabinet d’un psy… Les personnages satellites restent dans le flou et sont mal exploités, comme le voisin de palier serviable (Ulrich Thomsen, vu dans Festen), la gérante de restaurant autoritaire (Sibylle Canonica) et même cette enfant qui ne pleure jamais (Maxime Foerste), sans parler de son père qui débarque, souriant et sympa, après huit ans d’absence. D’accord, la véracité dans la romance, ce n’est pas le point fort du cinéma, mais quand même: on veut rêver un minimum. Même la scène "érotique", où Sergio fait goûter sa soupe à la dame, n’a rien de très épicé. Enfin, le piano de Keith Jarrett pour les moments tristes et le Swonderful de Paolo Conte pour le coeur qui bat plus vite, c’est comme le reste: mille fois déjà vu.

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