Igby Goes Down : La gifle
Cinéma

Igby Goes Down : La gifle

Si les États-Unis avaient besoin d’un soufflet, en voici un petit. Pas un gros, ce n’est qu’un film. Et pas une baffe pour tous, car juste pour les riches. Comme pouvaient le faire Harold et Maude et The Graduate en leur temps, Igby Goes Down met en lumière les irritants sociaux pour un jeune homme bien sous tous rapports, expose les grains de poussière dans l’oeil de la bonne société.

Si les États-Unis avaient besoin d’un soufflet, en voici un petit. Pas un gros, ce n’est qu’un film. Et pas une baffe pour tous, car juste pour les riches. Comme pouvaient le faire Harold et Maude et The Graduate en leur temps, Igby Goes Down met en lumière les irritants sociaux pour un jeune homme bien sous tous rapports, expose les grains de poussière dans l’oeil de la bonne société. À travers Igby Scolumb (excellent Kieran Culkin), 17 ans, on regarde la décrépitude d’un monde, à la façon d’un article du Vanity Fair qui décrit régulièrement les différents niveaux de décadence de la jeunesse dorée américaine. Igby vomit donc sur sa mère, l’imbuvable Mimi (Susan Sarandon), son frère Oliver surnommé le fasciste (Ryan Phillippe), son parrain, et le vulgaire D.H. (Jeff Goldblum). Venus en parasites dans ce monde où l’argent, les pilules, l’alcool et le mauvais goût coulent à flots: une danseuse qui ne danse pas (Amanda Peet), un peintre qui ne peint pas (Jared Harris) et une gentille paumée, pendant d’Igby (Claire Danes). Le seul qui semble avoir l’amour inconditionnel d’Igby est son père (Bill Pullman), schizo avancé.

Entre Chicago et New York, Igby cultive les phrases-chocs, mots d’esprit tout à fait dignes d’Holden Caulfield, héros de The Catcher in the Rye, tandis que sa mère aurait pu s’en donner à coeur joie dans All About Eve. Aucun personnage ne vient rattraper l’autre et tous partagent une trop grande lucidité qui les empêche d’avancer avec un minimum d’envie ou d’espoir. Faute de mieux, on appelle ça une comédie satirique. Mais ce n’est ni vraiment drôle, ni complètement satirique (comme pouvait l’être le monde des Tenenbaums, par exemple), car c’est aussi le reflet d’une certaine réalité pathétique, qui ne date pas d’hier et qui semble empirer. Pour son premier film, Burr Steers – neveu de Gore Vidal et acteur dans The Last Days of Disco de Whit Stillman – en connaît certainement un bout sur le sujet. Et on sent que dans certains moments d’émotion, où le héros se laisse aller à la douleur, l’auteur a envie de secouer la cage, de réveiller les spectateurs devant une société pourrie qui permet le cynisme outrancier et un tel monstrueux snobisme. Pour qu’il s’amuse, le spectateur se doit d’être en mode badin et fataliste, mondain en somme. Sinon, c’est plutôt moche…

Steers se montre un très bon directeur d’acteurs: Amanda Peet et Sarandon font de sacrés numéros; Goldblum est hilarant et même Phillippe, sur le neutre, ne manque pas d’étoffe. Culkin vole la vedette avec raison. Restent deux choses: la mise en scène pataude (et baignée de musique), nettement moins élégante que celle de Stillman dans Metropolitan, par exemple; et le scénario, du plus classique coming of age movie qui soit, qui nous ressort encore une analyse psychologique, où chaque geste d’Igby renvoie à un détail du passé. Mais cela n’empêche nullement de regarder Igby Goes Down avec le sourire, et deux cachets de Valium en main…

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cloche aux USA est mis de l’avant Le spectateur s’enfonce comme Igby, parce qu’on est sur le même mode que les personnages, réceptif et fataliste. Mais il faut du souffle pour tenir la route de ce cynisme outrancier, monstrueuse snoberie.